CONGRÈS : ACCORD POUR LE 12 DÉCEMBRE DANS UN DÉBAT APAISÉ

Beaucoup s’interrogeaient sur la tenue du débat par lequel le Congrès était consulté pour avis sur la date de la consultation référendaire fixée au 12 décembre prochain par le gouvernement central. C’est finalement au cours d’une réunion plutôt apaisée que les élus ont approuvé à la majorité la décision annoncée par Paris au lendemain des échanges réalisés à la fin mai, à l’invitation du Premier ministre. Apaisée, mais avec quelques évolutions surprenantes. Décryptage.

LES LOYALISTES EN BLOC AVEC CALÉDONIE ENSEMBLE
Cette fois, les choses ont été claires. Pas de chamailleries entre les non-indépendantistes : les Loyalistes, regroupement comprenant l’Avenir en Confiance et Générations NC au Congrès (le Rassemblement National et Tous citoyens calédoniens n’y siègent pas) ont voté comme un seul homme. Sonia Backes avait indiqué, lors de son séjour parisien, qu’elle rencontrerait Philippe Gomes dans le cadre de ce scrutin. Un rendez-vous apparemment fructueux.

L’ÉVEIL OCÉANIEN DIT « OUI » AU « NON ?
L’Eveil Océanien a également approuvé la décision du gouvernement français. Cette position avait transpiré lors des rencontres parisiennes. Il semble aussi que les annonces sur les conséquences sur le « Oui » en matière de nationalité ait secoué la communauté wallisienne et futunienne, aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu’à Wallis et Futuna. Pour l’heure, au delà du vote de mercredi, les ténors du parti communautaire n’ont tout de même pas pris position sur le référendum, mais …

Ainsi, les zigs et les zags continuent pour le parti charnière, qui fait pourtant partie, au Congrès, du groupe des élus indépendantistes UC/FLNKS/Nationalistes.

L’UNI MAINTIENT SA POSITION … CONTRAIRE À CELLE EXPRIMÉE EN NOVEMBRE 2020
Pas de surprise du côté de l’Uni qui a boudé l’invitation de Paris, puis pesté contre l’annonce de la date du référendum. Le groupe du Palika a voté contre de manière franche … mais inverse de sa position indiquée en novembre dernier à son 45e congrès, demandant que « la troisième consultation se tienne avant la tenue de la campagne présidentielle pour éviter le chevauchement de cette échéance capitale avec les élections nationales« .

Il est vrai que la communication du parti de Paul Néaoutyne est quelque peu erratique depuis l’échec de Louis Mapou à ce faire élire à la présidence du gouvernement. La rupture avec l’UC n’est pas consommée, mais les divergences au grand jour deviennent fréquentes.

LE GROUPE UC/FLNKS/Nationalistes/Eveil Océanien A EXPLOSÉ POUR LA CIRCONSTANCE
Le groupe indépendantiste mené par l’Union Calédonienne existe toujours au Congrès, mais pour le vote de mercredi, il a littéralement explosé.

Ses nouveaux amis, de l’Eveil Océanien, lui ont fait faux bond. Pour cette fois, ils ont rejoint leurs anciens amis loyalistes pour apporter leur appui au gouvernement français.

La Dus, de Sylvain Pabouty, ex-Palika, a rejoint, lui, le vote de l’Uni.

LE PARTI TRAVAILLISTE CONFIRME
Le Parti Travailliste avait déjà soutenu le Palika lors de l’élection dernière du gouvernement. Il confirme sa ligne dure en s’opposant à la décision du gouvernement français. Dans les couloirs, certains s’interrogent même sur sa position lors du prochain référendum. LKU s’était déjà illustré lors de la campagne électorale de 2014, avec le slogan « Kanaky en 2014, ce n’est pas négociable ». Il avait prôné l’abstention lors du premier scrutin référendaire, puis le « Oui » au second. Déçu par une partie du monde indépendantiste, ne va-t-il pas défendre l’abstention ou même le boycott pour le 12 décembre ?

UN CAMP LOYALISTE RESSOUDÉ, UN CAMP INDÉPENDANTISTE AFFAIBLI
Au total, ces différentes positions, à un peu plus de 5 mois de la dernière consultation d’autodétermination, sont révélatrices des forces en présence.

Les partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République ont affiché une unité quelque peu nouvelle, mais réelle, au moins pour ce scrutin décisif.

Les indépendantistes ont, quant à eux, montré leur désunion à des militants et des électeurs, déjà quelque peu désabusés après les troubles graves de Vale, l’échec au refus de Trafigura, les rapports accablants de la Chambre des Comptes sur la gestion économique de la province Nord, et enfin sur les querelles fratricides pour la présidence du gouvernement.

C’est dans ces conditions, nouvelles, que s’ouvre l’ultime campagne électorale référendaire. Elle paraît pencher du côté loyaliste, mais ce camp ferait une erreur de considérer que les carottes sont en train de cuire. L’abstention, comme on le voit aux régionales métropolitaines, et les retournements de situation, si fréquentes en politique, font partie des incertitudes électorales. Le « Oui » n’a pas encore perdu, et le « Non » n’a pas encore gagné.