LES NOUVELLES CALÉDONIENNES PLACÉES EN PROCÉDURE DE SAUVEGARDE

La Nouvelle-Calédonie va-t-elle perdre son seul quotidien papier ? C’est la question qui est désormais posée par la mise en procédure de sauvegarde des Nouvelles Calédoniennes.

Ce journal est la dernière « institution » locale dans la presse privée. Créé dans les années 1970 par Roger Brissaud,  homme de presse arrivant de Polynésie et originaire de Haute Savoie -son frère, hotelier réputé, était Directeur général de l’Office du Tourisme de Chamonix-, par Jean Paul Leyaud et Edouard Ventrillon, tous deux de vieilles familles calédoniennes, il avait conquis les lecteurs par un ton libre, parfois insolent, et moins académique que son concurrent.

Le concurrent ? C’était l’époque de « La France Australe », un des plus anciens quotidiens français, appartenant à la puissante SLN ! Un sacré morceau.

Peu à peu, présent sur tous les fronts de l’actualité, avec une équipe de journalistes très réduite -5 journalistes !-, mais incroyablement active dans un « esprit maison », avec un nouveau commentateur satirique au quotidien, « l’Affreux Jojo » écrit par Roger Brissaud lui-même, un propriétaire directeur habile aux dessins humoristiques sous la signature de son surnom, « Boss », Les Nouvelles Calédoniennes avaient gagné la partie en milieu des années 70. Cette période, il est vrai, était marquée par « la crise », et la situation de quasi faillite de la SLN qui allait passer des mains du groupe Rothshild à celles d’un consortium emmené par l’Etat au travers d’Elf-Aquitaine.

Depuis la disparition de La France Australe, « Les Nouvelles » ont assuré l’information quotidienne des Calédoniens, du nord au sud en passant par les Iles Loyauté.

Cependant, depuis ces époques épiques, de nouveaux médias sont apparus, et ces dernières années, Internet a révolutionné l’accès à l’information. Les annonceurs publicitaires ont diversifié leurs supports, au détriment du quotidien. Or, la recette publicitaire est indispensable à la survie d’un tel média, comme partout dans le monde. Ainsi, en Australie, le groupe Murdoch a été contraint de fermer plusieurs dizaines de journaux en raison du tarissement de la manne publicitaire lié notamment au Covid.

Les Nouvelles Calédoniennes pourraient-t-elles disparaître ? Personne ne peut le souhaiter en ces temps agités où le pluralisme de l’information est plus que jamais nécessaire.