
“Nouvelle-Calédonie : la doctrine nickel mise à mal”, “”Selon la Chambre Territoriale des Comptes, le groupe Sofinor est endetté à hauteur de 10,4 milliards d’euros”. C’est sous ces titres que le journal Le Monde, sous la plume de Patrick Roger, commente le rapport de la CTC
DOCTRINE NICKEL ET GOUFFRE FINANCIER FINAL
“Le nationalisme minier kanak est indissociable de la lutte politique pour l’indépendance” c’est en ces termes que Le Monde inscrit la “doctrine nickel” à laquelle est associée “un emboitement de sociétés opaques” et “montre l’ampleur du gouffre financier final“.
Il est sûr qu’une société endettée à hauteur de 10,4 milliards d’euros fait sensation, même à l’échelle de la métropole.
“UNE SORTE DE PYRAMIDE DE PONZI“
L’article s’inspire des termes accablants de la Chambre des Comptes et les traduit. “Au fil d’investissements douteux, ou pour le moins aléatoires, s’est échafaudé un mécanisme d’imbrication de sociétés mères-filles faisant reporter les dettes des unes sur les comptes des autres avec, in fine, un seul perdant, la province Nord, qui essuie les pertes“.
Reprenant la situation de la SMSP finançant des filiales codétenues par des sociétés étrangères comme Nickel Mining Company et SNNC, la Chambre avait indiqué que “les investissements de l’une (Cotransmine) sont pris en charge par l’autre (SMSP) et bénéficient à une autre société (NMC) pourtant codétenue par Posco“.
Appréciation du journaliste : “une sorte de pyramide de Ponzi, à perte“. Pour mémoire, le système de Ponzi fut à la base du montage désormais célèbre de feu Bernard Madoff.
LES VÉRITABLES POUVOIRS DÉTENUS PAR GLENCORE ET POSCO
Sur la gouvernance, Patrick Roger souligne ce qu’a relevé la Chambre des Comptes : la province Nord est présente dans la Sofinor au maximum de participation permise par la la loi avec 85%, mais “en réalité, elle dépasse ce niveau de participation puisqu’elle intervient directement par l’intermédiaire de quatre sociétés d’économie mixte“. Constat de la juridiction : il s’agit d’un “détournement de la loi“. Et pourtant, relève l’article, dans ce schéma, “participation majoritaire ne rime pas avec pourvoir décisionnel” puisque au total, “ce sont donc les multinationales Glencore et Posco qui disposent des véritables pouvoirs“. Ce qui fait que “la maîtrise” revendiquée au nom de la “doctrine nickel” “repose sur un socle friable“.
CONCENTRATION DES POUVOIRS
Le journaliste du Monde reprend les analyses de la Chambre sur la “concentration des pouvoirs entre les mains de M. Dang“. “Cette situation n’est pas irrégulière en tant que telle, avait noté la CTC, mais elle pose des problèmes de conflits d’intérêts potentiels“.
C’est cependant sur lui, écrit Patrick Roger, que “le président de la province Nord, M. Néaoutyne, a fait reposer pour l’essentiel sa “doctrine nickel“”
JUSQU’À PARIS
Plus que des notes rédigées par les experts des cabinets à l’attention de leurs ministres, un long article de quatre colonnes dans Le Monde apporte quelques éclairages sur les sujets traités et pèse sur les opinions.
Le rapport de la Chambre Territoriale des Comptes de Nouvelle-Calédonie a fait grand bruit sur le territoire. Par le quotidien réputé que tous les décideurs ont chaque matin sur leur bureau, il a quelque écho à Paris.
Patrick Roger est journaliste au Monde depuis 1995, il a couvert une large palette de domaines au service politique, dont le Parlement pendant onze ans, jusqu’en 2013. Affecté depuis sur Bercy, il a suivi la “loi Macron” de bout en bout, depuis son élaboration et pendant toute la procédure législative jusqu’aux derniers décrets d’application. Un modèle du genre, qui a inspiré la BD Faire la loi, réalisée avec Aurel et Hélène Bekmézian.