
Ce que beaucoup oublient, c’est que l’échéance majeure qui attend les Calédoniens, ce n’est ni l’élection du président du gouvernement, ni celle du président du Congrès. Ce sont des péripéties importantes, mais surtout dans le sens où elles pourraient peser sur le rendez-vous historique que constituera, pour la population de l’archipel, le troisième scrutin d’autodétermination. Dans cette perspective, peut-on aujourd’hui apprécier un recul ou une avancée de l’idée d’indépendance ?
LES ÉVÉNEMENTS RÉCENTS ONT PORTÉ PRÉJUDICE AUX INDÉPENDANTISTES
L’électorat qui se prononce au référendum est constitué de deux grands groupes : les purs et durs qui ne se posent pas de question, et les indécis qui peuvent se décider au dernier moment, en fonction de considération subjectives.
Incontestablement, deux événements ont pesé sur ces indécis qui avaient voté « oui » au second référendum.
Le Covid, d’abord. Aides aux collectivités, aides aux entreprises, aides aux artisans, par ces interventions, l’Etat a mis en relief les avantages immenses pour les Calédoniens à être dans la République, et à bénéficier de sa solidarité. La fourniture des vaccins -les meilleurs, Pfizer-, gratuitement, sans démarche commerciale, a enfoncé le clou. Il n’est qu’à voir le cauchemar dans lequel s’enfonce la Papouasie pour évaluer un aspect des risques liés à l’indépendance, pour un petit pays ou un pays faiblement développé, au 21e siècle.
Les blocages et les violences générées par les actions indépendantistes pour tenter d’imposer Sofinor et Korea Zinc comme repreneurs de l’usine du Sud, ensuite. Chacun a pu mesurer la « vraie vie », face à l’idéologie. Ainsi, par exemple, les employés affiliés au syndicat indépendantiste USTKE se sont retrouvés face au risque de perte de leur emploi et donc de leur moyen de subsistance. Il en a été de même pour tous ceux, salariés de Vale ou sous-traitants du Sud, dont les revenus relevaient de la survie économique de l’usine. La loi de l’économie est dure, mais c’est la loi. Ainsi, certaines mesures d’opinion évaluent de recul indépendantiste à 3 électeurs sur 10.
LA STRATÉGIE DE L’UNION CALÉDONIENNE POUR « REMONTER LE COURANT »
Cette mauvaise séquence, le président de l’Union Calédonienne en est conscient. Evoquant la progression du vote indépendantiste aux deux derniers référendums au micro d’Elisabeth Nouar à RRB, il s’est exclamé : « tout est à refaire« .
Pour refaire ce retard estimé, l’UC a donc choisi Samuel Hnepeune afin d’appréhender le développement économique sous un jour plus réaliste, et pour séduire à nouveau les indécis.
Il paraît acquis que le prochain président du gouvernement indépendantiste sera désigné avant le déplacement à Paris répondant à l’invitation du Premier ministre. Et les bookmakers attribuent la meilleure côte à Louis Mapou. Plus politique. A moins que …
LA DATE DU RÉFÉRENDUM SERA IMPORTANTE
Ces considérations amènent à la conclusion que si le référendum avait lieu cette année, les effets négatifs décrits pourraient contrecarrer une nouvelle progression du « Oui ». Si en revanche, la consultation avait lieu en 2022, chaque camp devra s’appliquer à développer une campagne la plus efficace possible.
Dans l’intervalle, il faudra bien que le nouveau gouvernement indépendantiste fasse la preuve qu’il est capable de gérer à la satisfaction du plus grand nombre. Ses écueils sont considérables, pour ne pas dire immenses. Il devra en outre, autant que possible, éviter trop de recours à l’Etat, et donc à la France. Sinon, comment justifier la revendication d’indépendance ?
Dans tous les cas, les résultats de la consultation seront connus au soir du scrutin. Et pas avant. Cette incertitude conduit à une certitude : la campagne électorale a commencé.