
Si l’organisation du troisième référendum a été demandée, en revanche, aucune date n’a pour l’heure été arrêtée. Les indépendantistes ont, semble-t-il, des avis divergents sur le sujet. Côté loyaliste, la position est plus claire selon qu’une solution consensuelle serait possible ou pas. Mais la décision reviendra au gouvernement central avec, dès la fin de cette année, l’ouverture officielle de la campagne électorale présidentielle.
Pour l’Etat, en tout cas, le dispositif est rodé et il peut être mis en place selon la date arrêtée sans problème majeur. Le reste est une question à la fois d’opportunité politique et de mesure de risque.
Les indépendantistes ont déclenché la demande de scrutin. Il n’est plus un secret pour personne que, sur cette question aussi, le Palika et l’UC ont des approches différentes. Le premier considère que l’hypothèse d’une élection de Marine Le Pen à la présidence de la République ne peut être écarté, et que ce bouleversement compliquerait le processus d’accession à l’indépendance. L’Union Calédonienne, de son côté, considère que la situation Covid et les violences liées à la reprise de l’usine du Sud ont provoqué un recul électoral indépendantiste notamment parmi les « tièdes » et les indécis. Le parti considère que donner du temps au nouveau gouvernement indépendantiste permettrait de développer une stratégie de reconquête électorale.
Du côté des loyalistes, les choses semblent plus nettes. Soit les indépendantistes acceptent de négocier une solution dite « consensuelle », c’est à dire un nouveau statut répondant au souhait du plus grand nombre au sein de la République, et le référendum pourrait alors se dérouler le plus tard possible pour permettre la mise au point de cet accord. Soit aucune négociation n’est possible, et le scrutin doit se dérouler le plus tôt possible, c’est à dire en septembre-octobre, avant la campagne présidentielle.
Pour l’Etat, la décision est plus complexe. La période actuelle est déjà une pré-campagne dans laquelle l’enjeu sanitaire va se révéler décisif. Des candidats se sont déclarés, à l’instar de Marine Le Pen et de Xavier Bertrand. Politiquement, la crainte est celle d’un dérapage, quel que soit le résultat de la consultation, un dérapage dont il faudrait assumer les conséquences en pleine campagne présidentielle. Le ministre des Outre mer a lancé un appel pour la recherche d’une solution consensuelle. Quant au Premier ministre, personne n’a oublié son évocation d’une solution à l’intérieur de la République.
Le Congrès sera évidemment consulté sur cette date. Mais il sera lui-même divisé, à l’image de la Nouvelle-Calédonie. Avec tout de même une nuance : sa majorité indépendantiste/Eveil Océanien ne reflète pas la réalité démocratique du territoire.