UN NOUVEAU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT DEMAIN ?

C’est demain qu’une fois encore, le nouveau gouvernement élu il y a près de deux mois, va se réunir à la convocation du Haut Commissaire avec pour seul ordre du jour l’élection de son président. Certes, ce sera le 1er avril, mais c’était déjà un premier avril qu’après 3 mois de blocage, Philippe Germain fut désigné à la tête de l’Exécutif en 2015. Interrogé sur le plateau de NC1ère dimanche dernier, le président de l’UC ne laissait guère entrevoir une issue au désaccord entre son parti et celui de Paul Néaoutyne. Mais les élus et les militants indépendantistes sont pourtant conscients des dégâts politiques et électoraux que cette situation provoque. Elle s’ajoute aux effets désastreux générés par la crise et les violences liées au conflit sur la reprise de l’usine du Sud. Dans ces conditions, un accord s’est-il noué ou non pour l’élection du jeudi ? Samuel Hnepeune ou Louis Mapou ?

« JUSQU’AU BOUT », MAIS …
Le Président de l’Union Calédonienne avait déclaré que, dans l’affaire de l’élection du président du gouvernement, son parti irait « jusqu’au bout ». Dimanche dernier, il a entamé son entretien avec Nadine Goapana en évoquant la vocation de tout parti politique à exercer le pouvoir. Un sujet que l’UC connaît bien pour avoir disposé d’une majorité presqu’absolue à l’Assemblée territoriale de 1958 à 1970, et dirigé gouvernement et conseil de gouvernement après l’application de la Loi-Cadre Deferre, et avec le conseil de gouvernement présidé par Jean-Marie Tjibaou en 1982.

Mais depuis, tout comme le RPCR de Jacques Lafleur, l’UC a « fait des petits » après la scission provoquée par le départ de Yann Celene Ureguei lors des incidents liés à la naissance des Foulards Rouges en 1968. L’un d’entre eux, créé par des jeunes indépendantistes parmi lesquels Elie Poigoune et Nidoish Naisseline, est aujourd’hui le Palika/Uni. Partenaire incontournable de la revendication d’indépendance, il demande aujourd’hui un partage du pouvoir.

LA PRÉSIDENCE DU CONGRÈS
C’est qu’en effet, même si l’Union Calédonienne a conquis les mairies de Hienghène, de Koné et de Yaté aux dépens du Palika, ce dernier ne manque pas de faire valoir sa place. Témoin : la candidature de Louis Mapou à la présidence du gouvernement.

S’agissant des Institutions calédoniennes, le Palika dirige la province Nord, et l’Union Calédonienne, la province des Iles. En revanche, c’est un membre de l’Union Calédonienne qui siège à la présidence du Congrès. Le Palika peut-il s’accommoder d’une telle hégémonie au sein des institutions territoriales ? L’Union Calédonienne peut-elle justifier ce pouvoir sans partage ?

Et comment, dans ces nouvelles conditions, pourrait se dérouler la toute prochaine élection au perchoir du Congrès, la seule fonction dévolue à un responsable UC du Sud ?

DE QUEL CÔTÉ PENCHE LA BALANCE ?
Pour l’ensemble de ces raisons, la candidature de Samuel Hnepeune n’est pas vraiment en pôle position. Mais en politique, et malgré tous les raisonnements réputés cartésiens, 1+1, cela fait rarement 2 !

Une autre question sera d’actualité. Il s’agit de la Vice-présidence. Bien qu’aucune règle ait été écrite à ce sujet, depuis l’instauration du gouvernement local présidé jusque là par un non-indépendantiste, la Vice-présidence est revenue à un indépendantiste. Une fonction qui, déjà, a suscité des frictions entre l’UC et le Palika …

Mais dans cette sorte de tradition, il serait bienséant que la prochaine Vice-présidence revienne à un élu loyaliste. Ou à une élue.

Finalement, c’est sur l’objectif final que les indépendantistes pourraient trouver le ressort d’un accord. Dans quelques jours, ils devront joindre leurs voix pour demander l’organisation du troisième référendum. C’est bien cette échéance qui demeure capitale, et non la présidence du gouvernement …

Demain sera évidemment un autre jour, et comme dit le dicton, « à chaque jour suffit sa peine ». Le premier président du gouvernement indépendantiste sera-t-il élu, et des rangs du Palika ?