
La Calédonie va-t-elle rater sa première grande opération de transition énergétique ? La France va-t-elle accepter que l’on fasse ici l’inverse de ce que proclamait le Président de la République ? Si le plus gros investissement énergétique que le territoire ait jamais conduit, se solde par une centrale à gaz, quel échec ! L’affaire avait pourtant bien démarré, avec l’accélération du programme de production solaire. Une ambition vertueuse qui a même dépassé les objectifs. Tout serait ruiné par une centrale à gaz en plein Nouméa, entourée d’une procédure de transformation complexe sur terre comme sur mer. Un gâchis ou un scandale ?
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET LE GROUPE MACRONISTE EUROPÉEN HOSTILES AU GAZ. EN THÉORIE ?
Emmanuel Macron, le 8 décembre dernier, lors d’un discours remarqué à Framatome, au Creusot, a dit son soutien au nucléaire, et sa défiance à l’égard du charbon et du gaz. Il a ainsi confirmé le que le porte-avions qui remplacerait le Charles de Gaulle en 1938, serait à propulsion nucléaire.
Au cours de cette allocution, il a prononcé cette phrase donnant le « la » en ce qui concerne l’utilisation des énergies charbon et gaz : » renoncer au nucléaire totalement ou trop rapidement, ce serait ouvrir, comme d’autres pays l’ont fait, des centrales à charbon ou à gaz, ou importer de l’énergie carbonée. Et cela, nous nous y sommes refusés« , a-t-il notamment déclaré.
Quant au groupe macroniste au Parlement Européen, s’il a finalement voté en faveur de l’éligibilité du gaz au Fonds de Transition Juste, c’est sous la pression de l’Allemagne et des pays de l’Est européen. Et pourtant, « le groupe Renaissance (macronistes et associés), sous la houlette de Pascal Canfin président de la commission de l’Environnement, se battait depuis des mois pour exclure le financement des projets gaziers du Fonds de transition juste » écrivait le Point
Le même magazine poursuivait, « Mais qu’est-ce qu’une « énergie propre » ? Jusqu’où doit-on pousser l’épure d’un monde sans carbone ou sans hydrocarbures ? Les projets gaziers doivent-ils être financés par le Fonds de transition juste comme une alternative au charbon ? Le gouvernement français y est opposé. »
EN CALÉDONIE, QUELQUES MILLIARDS POUR UNE ÉNERGIE PROPRE, ET PRESQUE 100 MILLIARDS POUR LE GAZ ?
Le choix d’une centrale à gaz implantée dans la capitale de la Nouvelle-Calédonie serait un geste rétrograde à l’égard des générations futures autant que pour la génération actuelle. Dans le sud, l’usine va prendre un virage pour une alimentation électrique basée sur les énergies renouvelables. Choix intelligent, qui prend en compte l’intérêt environnemental, autant que le marketing industriel pour la commercialisation d’un nickel probablement le plus « propre » du monde.
Certains pourront prôner l’urgence industrielle. Oubliant de comparer les progrès immenses réalisés en matière de délais de construction des nouvelles centrales à énergie renouvelables, y compris pour des unités de plusieurs centaines de mégawatts.
A l’issue de l’accord intervenu pour permettre la reprise de l’usine du Sud dans des conditions acceptées par l’ensemble des parties en conflit, tout le monde s’est accordé pour demander à Elon Musk et Tesla d’apporter leur conseil en développement industriel.
Quelle idée lumineuse.
Et quelle bonne occasion de solliciter son expertise sur la pertinence d’un projet gazier en plein coeur de Nouméa …