INDÉPENDANTISTES/GOUVERNEMENT : LES PIEDS DANS LE TAPIS ?

Provoquer la chute d’un gouvernement sans avoir préparé la suite, c’est l’impréparation révélée par l’incapacité des indépendantistes à s’accorder sur le nom du président. Inutile, dans ces conditions, de se poser la question de savoir si un programme avait été mis au point. Le pire est peut être à venir.

En attendant, la situation a tout de même des aspects ubuesques. Les censeurs sont, pour l’instant, en train de se censurer eux mêmes. Le gouvernement censuré est celui qui gère la crise sanitaire apparue en début de mois, et l’un des leaders indépendantistes, Jacques Lalié, président de la province des Iles Loyauté, propose qu’entre l’Exécutif chargé d’expédier les affaires courantes et urgentes, et le nouveau gouvernement qui peine à se mettre en place, il soit créé un … gouvernement transitoire !

Il laisse même entendre que le différend entre l’Union Calédonienne et le Palika-Uni n’est pas près de se résoudre puisqu’il suggère que ce « gouvernement transitoire » assure le pouvoir exécutif du territoire « sereinement jusqu’au troisième référendum« . Pas moins !

L’idée n’est pas sotte, mais elle suscite deux réflexions.

La première, c’est que le deux principaux partenaires indépendantistes n’ont aucune perspective d’accord pour mettre sur le trône de la route des Artifices soit Louis Mapou, soit Samuel Hnepeune. A moins que l’information ne soit pas encore parvenue aux Iles.

La seconde, c’est qu’il s’agit d’une démonstration de la décrépitude de l’Institution en ce sens qu’elle ne répond plus du tout à la réalité politique de 2021, dans sa composition, dans son fonctionnement, dans ses attributions. Certains iront même jusqu’à dire, dans la pertinence de son existence.

Il n’est, en tout cas, pas inintéressant qu’un indépendantiste « appelle toutes les forces vives de toutes sensibilités politiques à engager une démarche innovante et consensuelle qui dépasse les clivages partisans, tenant compte de notre identité plurielle« .

Pour s’engager dans cette voie, il s’appuie sur le récent accord concernant la reprise de l’usine du Sud, auquel sont parvenus les indépendantistes et Les Loyalistes emmenés par Sonia Backes, que beaucoup érigeaient en épouvantail -« chef de guerre » …

Certes, on voit mal comment un « gouvernement transitoire » pourrait se mettre en place. Une telle procédure n’est évidemment pas prévue dans la loi organique. Jacques Lalié évoque une solution politique. Celle-ci ne peut s’appuyer que sur le gouvernement élu le 17 février. On peut imaginer un accord entre les 11 « ministres », mais d’abord sur quel nom pour la présidence ? Sur quel programmes ? Avec quelle répartition des secteurs ? De quoi susciter tout de même quelques migraines.

En tout cas, Jacques Lalié, au travers de son communiqué, fait clairement le constat de l’impasse politique et institutionnelle dans laquelle nous sommes, et invite tout aussi clairement au dialogue entre « toutes les sensibilités politiques ».

Serait-ce l’ouverture d’un boulevard, ou plus modestement, d’un chemin, pour ouvrir également un dialogue constructif sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie ?

C’est la voix d’un élu éminent des Iles qui s’est manifestée. Qu’en pensent ses amis de la Grande Terre ?