LE VACCIN ARNm INJECTÉ AUX CALÉDONIENS, C’EST QUOI ?

C’est une technologie révolutionnaire dont on dit qu’elle est promise à soigner une multitude de maladies, parmi lesquelles le cancer, la mucoviscidose et même les maladies neurovégétatives : celle de l’ARNmessager dont vont bénéficier des dizaines de milliers de Calédoniens vaccinés au Pfizer/BioNtech. Mais qu’est-ce donc cette technologie ARNmessager ?

UN FRANÇAIS PREMIER AU MONDE, MAIS …
Une fois encore, la première tentative de vaccin ARNm au monde fut proposée par un chercheur français de l’Inserm, Frédéric Martinon, allié à des chimistes de Pasteur. Une fois encore, le groupe Pasteur Sanofi a raté le coche, et cela par deux fois, préférant finalement se focaliser sur d’autres stratégies vaccinales ! Plusieurs Biotech, elles, se sont saisies de cette opportunité prometteuse, mais extrêmement compliquée. Entreprise dès le début des années 60, cette technologie a en effet d’abord rencontré d’énormes difficultés. Et pour cause.

ADN – ARN : Kézaco ?
Chacun connaît l’ADN, « support de l’hérédité », « grimoire du vivant », qui détaille en quelque sorte toutes les cellules d’un individu, ce qu’on nomme patrimoine génétique. L’ADN est enfermé dans le noyau des molécules, et protégé. Mais il crée un frère jumeau, l’ARN, qui lui, baigne dans le liquide cellulaire. L’ARN joue un rôle clé. Il transmet à la machine cellulaire par les « usines » à protéines, appelées ribosomes, les messages qui seront transformés en composants cruciaux à la bonne marche de toutes nos cellules. D’où son nom d’ARN messager ou ARNm.

L’ADN est au chaud, dans le noyau cellulaire. L’ARN transmet ses messages, mais se dégrade rapidement et sa durée est éphémère.

Comment fonctionne un vaccin ARNm ? On sait que le Sars-Cov2 pénètre dans les cellules du corps humain grâce à des protéines de surfaces appelées « spike ». Cette intrusion provoque la contamination du corps au Covid-19. La question était donc de mettre au point une « éducation » du système de défense du corps humain, pour éliminer le covid-19.

Pour cela deux méthodes.

VACCINS CLASSIQUES AVEC ADJUVANTS
Les vaccins classiques sont composés d’une ou plusieurs substances actives d’origine biologique appelées « antigènes vaccinaux » qui sont issus de bactéries ou de virus. Afin de rendre le vaccin plus efficace, l’antigène vaccinal est généralement combiné à un adjuvant qui est très souvent un sel d’aluminium (hydroxyde ou phosphate). Des conservateurs antimicrobiens peuvent être employés pour empêcher la contamination microbienne du vaccin. Des stabilisants (lactose, sorbitol etc.) peuvent être utilisés afin de maintenir la qualité du vaccin pendant toute sa durée de conservation. Ces adjuvants et ces conservateurs sont notamment décriés par les anti-vaccins.

Ainsi, pour faire simple, des virus « atténués » sont injectés dans l’organisme et « éduquent » le système immunitaire. Lorsqu’une attaque du virus « normal » se produit, l’organisme est alors prêt à réagir et à élimine l’intrus.

LA RÉVOLUTION DE L’ARN … SANS ADJUVANT
Dans la technologie ARNm, pas d’introduction d’un virus atténué. Le système va être « éduqué » d’une autre manière.

Pour le cas du Covid, les chercheurs ont déterminé que la pénétration du virus dans nos cellules était permise grâce à des protéines à la surface du virus, la protéine dite « spike », dessinée comme des excroissances tout autour du virus. En clair, sans cette protéine, le Covid ne peut infecter nos cellules.

La nouvelle technologie consiste donc à séquencer l’ARNm, cette fois, du virus. La partie sélectionnée est justement celle des protéines « spike ». Cette séquence est enveloppée dans une bulle de lipide, on verra pourquoi.

Ces bulles contenant le codage de la protéine « spike », lorsqu’elle sont injectées dans l’organisme, pénètrent dans nos cellules elles-mêmes entourées d’une membrane lipidique. Dans la cellule, les « ribosomes », usines à fabrication de protéines, dupliquent les « spike », lesquelles, lorsqu’elles apparaissent à la surface de la cellule, déclenchent une réponse immunitaire, et les cellules tueuses les mémorisent.

Ainsi, lorsque le Covid-19 s’introduit dans l’organisme, le système immunitaire, éduqué, entraîné, élimine ses protéines « spike » et l’empêche d’infecter les cellules.

LA TECHOLOGIE ARNm BEAUCOUP PLUS RAPIDE
La mise au point d’un vaccin utilisant la technologie ARN messager ne nécessite les cultures nécessaires au vaccin classique, cultures souvent longues et risquées. De surcroît, cette technologie évite l’utilisation de solvants comme l’aluminium.

C’est en grande partie ce qui explique que des vaccins comme Pfizer/BioNtech ou Moderna ont été mis au point aussi rapidement. De surcroît, les milliards de dollars investis dans la recherche pour résoudre la crise sanitaire ont permis d’accélérer les recherches et d’aboutir en un temps record.

Utilisée aujourd’hui contre le Covid-19, la technologie ARN messager va révolutionner le traitement de maladies dont certaines jusque là, réputées incurables, et les progrès scientifiques et médicaux seront probablement plus rapides qu’on ne le pense.