TOUT SAVOIR SUR L’ACCORD POUR LA REPRISE DE L’USINE DU SUD

A l’issue de plusieurs mois de violences traduisant une contestation sur le schéma de reprise de l’usine du Sud par une entité dénommée Prony Resources comprenant 51% d’intérêts locaux, l’outil industriel a été mis à l’arrêt. Les personnels de l’usine et ceux des entreprises sous-traitantes ont été, soit licenciés, soit placés en situation de chômage partiel. L’échéance décidée par le propriétaire brésilien, Vale, pour le rachat de l’usine ou sa mise sous cocon a plusieurs fois été repoussée. Depuis près de 3 semaines, des négociations de la dernière chance ont été entreprises entre les contestataires et la président de la province Sud accompagnée par Les Loyalistes, sous l’égide du président du Congrès Roch Wamytan, « facilitateur ». Ces négociations, au cours de 16 réunions, ont abouti à un accord rendu public par les parties hier après midi.

LES SIGNATAIRES
Cet accord a été signé par les parties locales, les engagent, mais n’engagent qu’elles, bien entendu. Il s’agit du président du Congrès, des représentants de la province Sud et Les Loyalistes, du représentant de la province des Iles Loyauté, du FLNKS, du collectif Usine du sud/usine pays et de l’Ican, instance coutumière de négociation.

Dans sa forme, l’accord n’est pas encore ratifié par les assemblées concernées, et détentrices de droits. L’accord n’aborde pas cet aspect, mais il vaut évidemment engagement de leurs représentants.

LA COMPOSITION DU REPRENEUR
L’accord stipule que le capital du repreneur, Prony Resources et dont le nom commercial sera « Goro Resources », sera détenu par 4 entités :

– La Société de Participations Minières du Sud (SPMSC) à hauteur de 30%, société composée des 3 provinces avec 50% dévolus à la province Sud qui en assure la gouvernance,

– Une entité dénommée « fiduciaire », « à hauteur de 21%, qui transmettra progressivement ses titres au FCPE à hauteur de 12%, et au Fonds de Prévention des Risques Environnementaux et socio-culturels (FPRESC) à hauteur (sans participation financière),

Trafigura, n°2 mondial du négoce du pétrole et des matières premières, société créée par des Français et basée en Suisse,

– La Compagnie Financière de Prony qui porte notamment les parts  de l’encadrement. Sans Antonin Beurrier.

UNE SOCIÉTÉ PORTEUSE DES TITRES MINIERS
Sud Nickel sera une société dont la vocation consistera à porter les titres miniers concédés à l’exploitant. Sud Nickel sera une filiale de Promosud. La Province des Iles, au travers de la Sodil y détiendra 5%, ainsi que la FPRESC évoqué ci-dessus.

La création d’un tel dispositif est originale et constitue une première en Nouvelle-Calédonie. Elle n’altère pas la compétence de la province en matière minière conférée et garantie par la Loi Organique de 1999 qui porte statut de la Nouvelle-Calédonie.

TESLA PROPOSÉ COMME PARTENAIRE INDUSTRIEL
L’accord recommande un partenariat « industriel » avec Tesla pour intégrer de manière durable les produits de l’usine du Sud dans la fabrication des batteries électriques du géant américain.

Ce rapprochement vise également à orienter la qualité de la production de l’usine pour la rendre la plus pertinente possible au fil des évolutions technologiques et des besoins en nickel.

DES PRESCRIPTIONS ENVIRONNEMENTALES DRACONIENNES
Un partie importante du document concerne la sécurité du barrage, la qualité des résidus et la préservation environnementale. De nouvelles études seront commandées sur le barrage. Une attention particulière est recommandée pour l’exécution du projet Lucy et les émissions de l’usine.

LES CONSÉQUENCES DE L’ACCORD SIGNÉ
Bien entendu, les termes de l’accord concernent exclusivement les signataires. Mais on peut imaginer que les effets immédiats seront la remise en marche de l’usine, et la signature rapide de la vente entre Vale et Prony Resources dans sa nouvelle configuration.

Les assemblées compétentes devraient également être saisies des questions les concernant.

L’accord stipule que d’autres industriels pourraient être approchés. En ce qui concerne Tesla, aucun accord n’a pour l’instant été rendu public. Les recommandations formulées dans le document signé par les parties calédoniennes n’engagent évidemment pas Elon Musk, mais on sait que des contacts positifs avaient déjà été pris.

L’Etat, à ce stade, n’apparaît pas, mais il s’est déjà engagé de manière essentielle dans le projet de reprise. On peut supposer qu’il sera soulagé du retour à la normale au plan économique, histoire de pouvoir se consacrer au troisième référendum.