
Chaque jour a son lot de surprises et de sujets importants. Mais la semaine qui s’ouvre sera cruciale pour celles qui suivront. Elle peut engager l’avenir immédiat de la Nouvelle-Calédonie, autant que l’avenir à long terme du territoire. Le sort de l’usine du Sud, la personnalité qui sera désignée à la tête de l’Exécutif local et la position de l’Etat sur l’après référendum sont les sujets majeurs qui vont l’animer.
La reprise de l’usine du Sud pourrait connaître son épilogue politique, avant la conclusion commerciale. Hier, au JT de NC1ère, le président du Congrès, Roch Wamytan, a indiqué que des réunions, dont il est le “facilitateur”, se tiennent depuis près de 15 jours entre les contestataires impliqués dans les troubles de l’usine du Sud et la présidente de la province Sud. Curieusement, ces réunions, quotidiennes au dire du président du Congrès, n’ont fait l’objet d’aucune déclaration et se sont déroulées “dans la plus stricte intimité”. Les observateurs ne manqueront pas d’en tirer l’enseignement que ce silence indique que les discussions ont probablement pris une bonne tournure. Après les consultations nécessaires, et en particulier des “bases”, la semaine qui s’ouvre devrait connaître une avancée majeure dans ce dossier. Soit vers le consensus, soit vers une rupture, toutes tentatives de conciliation épuisées.
L’élection à la présidence du gouvernement va-t-elle connaître, elle aussi, son épilogue ? Rien ne paraît moins sûr, mais le Haut-Commissaire a convoqué les … protagonistes ce mardi. Là aussi, rien n’a filtré sur d’éventuelles tractations et d’éventuels accords. Difficile, tout de même, d’admettre que les difficultés entre l’UC et le Palika se sont aplanies en 2 jours, après la déclaration de Daniel Goa indiquant que son parti irait “jusqu’au bout”. Dans ce contexte, s’il y avait élection mardi, ce ne pourrait être que celle de Samuel Hnepeune. Mais ce que n’a pas évoqué l’actuel président du Congrès, c’est, pour l’Union Calédonienne, la possibilité ou non de cumuler la présidence du Congrès et celle du gouvernement dans ce cas de figure …
Sébastien Lecornu a repris le terme -et l’objectif- mis en exergue par Jacques Lafleur en 1991 : “Solution consensuelle”. L’Etat a pris conscience, semble-t-il, que le résultat du troisième référendum ne réglera nullement la situation de la Nouvelle-Calédonie, contrairement à ce que pensaient les signataires des Accords de Nouméa. Une moitié de la population opposée à l’autre moitié, cela ne donnera raison ni au “oui”, ni au “non”. Le ministre des Outre mer, depuis qu’il a pris ses fonctions et mis ses mains dans le cambouis calédonien, s’est rendu compte d’une autre chose : indépendantistes et non-indépendantistes sont capables de parler et d’agir sur ce qui les sépare. Mais pour ce qui les rassemble … Autrement dit, en s’exprimant dans la tribune du JDD, Sébastien Lecornu se résout à prendre les choses en main pour éviter le pire vers lequel les acteurs de la vie politique calédonienne semblent inexorablement se diriger. Au fond, ce n’est pas nouveau. Avec la mission du dialogue et le tête à tête imposé de Matignon, la décision de Bercy pour lever le préalable minier en 1998, le dépassement des réflexes jacobins pour écrire un statut de quasi-indépendance association en y adaptant la Constitution, l’Etat l’a fait à chaque échéance dangereuse. A n’en pas douter, il est finalement prêt à remettre le couvert pour la sortie de l’Accord de Nouméa.