
Jamais la Nouvelle-Calédonie n’a connu un tel péril économique. Fondée essentiellement sur la mine et la métallurgie, l’économie calédonienne est peut être sur le point de perdre deux de ses institutions industrielles, l’usine du Sud et la SLN. L’usine de Goro est à l’arrêt suite aux opérations de guérilla que l’on sait, et qui se poursuivent avec du matériel incendié hier après midi. La SLN est au bord de la rupture industrielle en raison des blocages opérés sur ses mines. En dépit de la « libération » de Népoui et Thiébaghi, elle va se trouver dans un peu plus de 3 mois en état de cessation de paiement. Un bilan catastrophique sans précédent qui résulte des actions indépendantistes entreprises depuis plusieurs semaines.
SITUATION INCERTAINE POUR VALE
Triste Noël que vont passer les employés de Vale NC, alors que leur outil de travail, sérieusement dégradé, a été mis à l’arrêt. Ils ignorent aujourd’hui si leurs emplois seront préservés, ou si, avec les salariés des sous-traitants, ils auront tout perdu.
Tandis que Sébastien Lecornu tente de dialoguer pour trouver une issue à la nécessaire reprise capitalistique de l’entreprise -l’une des plus performantes au monde dans la production de NHC-, Vale attend la conclusion d’un accord de vente, et se tient toujours prêt, en cas d’échec, à mettre l’usine sous cloche.
LA SLN SUR LE FIL DU RASOIR
Pour tenter de faire pression sur la transaction relative à l’usine du Sud, les indépendantistes ont bloqué les approvisionnements en minerai de la SLN. Ce faisant, non seulement ils font prendre des risques démesurés à l’appareil industriel de la « vieille Dame », mais ils enfoncent un peu plus le principal employeurs privé du territoire vers la faillite.
C’est qu’au delà du risque de fermeture d’un four, la SLN est au bout de sa trésorerie provenant du prêt de 63 milliards contracté à cet effet. Ses pertes colossales, ajoutées à celles résultant des blocages actuels, va précipiter l’entreprise, déjà sous mandat « ad hoc », vers la cessation de paiement.
PRÈS DE 15.000 EMPLOIS EN JEU DÈS 2021
Si les emplois directs, indirects et induits peuvent faire l’objet d’une estimation, c’est au total aux alentours de 15.000 emplois que se situe l’enjeu des troubles actuels. Il s’agit à la fois des 3000 emplois impactés par l’usine du Sud, des 12.000 emplois impactés par la SLN. De quoi provoquer un séisme social sans précédent en Nouvelle-Calédonie.
LA RUINE DE LA CAFAT ET DES FINANCES PUBLIQUES
Non, l’argent ne pousse pas sur les arbres. Les ressources fiscales, les ressources sociales proviennent de l’activité économique par les impôts et les cotisations qu’elle génère. Une chute des emplois, de tout ou partie de ce schéma catastrophe, entraînerait immédiatement la faillite de la Cafat et des finances publiques.
La Cafat est actuellement sous perfusion. Son déficit structurel approche les 10 milliards par an, et la dette cumulée est du triple …
Quant aux finances publiques, sans le prêt bonifié de l’Etat en début de crise sanitaire, elles n’auraient même pas pu assurer l’exécution normale des budgets des collectivités en 2020. Le projet de budget 2021 de la Nouvelle-Calédonie, normalement déposé sur le bureau du Congrès le 15 novembre, ne l’est toujours pas. La raison ? L’impossibilité d’équilibrer les dépenses et les recettes. En cas de catastrophe économique, ce serait l’effondrement pur et simple.
Quant au troisième facteur de production de richesse, la consommation, évoquer sa situation dans de telles conditions paraît dérisoire.
LE SURSAUT OU UN MALHEUR SANS PRÉCÉDENT
A la veille de Noël, et à la fin du année 2020 marquée pourtant par un maîtrise enviable de la crise sanitaire plaçant la Calédonie parmi les rares pays « Covid Free », un malheur sans précédent risque de s’abattre sur les Calédoniens.
Fruits de l’idéologie, de l’absence de conscience élémentaire que dans toute économie, il est vital de préserver les outils de travail, et probablement du manque de vision sociétale, les conflits qui affectent la Nouvelle-Calédonie ne pourront trouver une issue qu’avec un sursaut de réalisme.
Mais quoi qu’il arrive, ces événements auront apporté bien des réflexions sur les enjeux d’un éventuel troisième référendum. D’ailleurs, en cas de catastrophe, l’aide internationale serait bien dérisoire face à celle qu’une fois de plus, la Nouvelle Calédonie solliciterait de la France …