UNE SITUATION SEMI-INSURRECTIONNELLE

C’est ainsi que les événements de novembre 1984 ont débuté. Il s’agissait, alors, de refuser l’application d’un nouveau statut d’autonomie interne, dit « statut Lemoine ». Différences toutefois : à l’époque, le FLNKS s’était placé hors jeu des Institutions, il ne gérait aucune collectivité majeure, et la violence avait atteint des tirs de coups de feu, ainsi que des assassinats. On peut donc constater que, pour l’instant, si la situation est pré-insurectionnelle, elle n’a pas atteint le paroxysme de 1984. Risques.

MISE EN DANGER ÉCONOMIQUE
L’escalade la plus inquiétante se situe à Prony. En choisissant délibérément la fermeture de l’Usine plutôt que la préservation de 3000 emplois, des leaders indépendantistes ont encouragé des actions dangereuses à l’intérieur des installations. Cette grave menace a d’ailleurs mobilisé une grande partie des forces de l’ordre. C’est que l’usine, non seulement pourrait être mise sous cloche, mais d’importants dégâts pourraient y être perpétrés.

ROUTES BLOQUÉES
Dès mardi matin, plusieurs blocages étaient organisés, dans l’agglomération et en Brousse. La technique est simple : des branchages, des cailloux, des pneus incendiés, et des personnes pour arrêter les automobilistes. Aujourd’hui, les forces de l’ordre sont en nombre insuffisant pour dégager simultanément les entraves.

DES INCENDIES
Dès le début des manifestations, des voitures ont été incendiées. D’autres épaves ont été « ressorties » sur les barrages, notamment à Paita.

Cette nuit, une station service  été incendiée au Mont Dore. Il ne fait pas de doute qu’à l’intérieur, les Broussards sont passé à la « vigilance jaune ». A la moindre étincelle, la gravité de la situation augmenterait d’un cran.

LES LOYALISTES CALMES
Pour l’heure, les loyalistes font confiance aux forces de l’ordre et prennent leur mal en patience. Ils préparent un rassemblement pacifique pour samedi, afin de protester contre les violences, et demander le retour au calme.

Pour répondre aux violences, ils disposent évidemment de moyens. Ils pourraient mettre en œuvre des rétorsions industrielles, répondre aux blocages ou isoler des groupes de personne. Seule initiative, pour l’instant, celle de l’ancien maire de Païta, signataire de l’Accord de Nouméa, qui appelait à une réunion hier soir. Ce matin, 500 personnes environ ont dégagé les encombrants demeurant à la sortie nord de la commune.

SUR LE FIL DU RASOIR
En encourageant les dérives actuelles, les organisations indépendantistes prennent le risque d’une fracture immense entre les deux grandes communautés du territoire : les Kanak d’un côté, les Calédoniens de l’autre. Certes, de nombreux Kanak ne sont pas nationalistes, et des Calédoniens sont indépendantistes. Mais majoritairement, les deux grands blocs plongent progressivement dans le racisme.

Elles prennent également le risque d’une catastrophe économique, avec la mise au chômage de 3000 salariés et la cascade de conséquences pour les pouvoirs publics. Piètre image d’une éventuelle image de l’indépendance.

L’Etat, qui est appelé à la rescousse … par les indépendantistes et Calédonie Ensemble, est, quant à lui et comme d’habitude, en position délicate. Rationnellement, il ne peut prendre partie pour le désordre, les diktats du FLNKS, et la déraison en matière économique. Il doit prendre en compte l’intérêt de la France, et le sentiment des grandes puissances régionales, toutes du côté occidental.

Bref, en ce moment, une situation sur le fil du rasoir.