MANIFS ET RÉACTIONS. QUELLES ISSUES ?

La différence entre les indépendantistes et les loyalistes dans le conflit sur la reprise de l’usine du Sud, c’est que les indépendantistes visent un objectif politique, alors que les loyalistes s’attachent à l’emploi et l’économie. Hier, blocage du port et manifestations de quelques centaines de personnes à Nouméa et en divers points du territoire, mais refus des discussions proposées. Réactions de la présidente de la province Sud et des Loyalistes. Quel est l’objectif des uns et des autres  et quelles issues possibles ?

Rassemblements et marches pour les « anti ».
Alors qu’une période de négociation exclusive s’est ouverte avec Prony Resources  pour la reprise de l’usine du Sud, les « anti », accompagnés désormais par le FLNKS, ont réuni quelques centaines de personnes à Nouméa, à Koné et à Wé. Ils ont demandé à rompre l’exclusivité de la négociation en cours pour tenter d’imposer un candidat Sofinor-Korea Zinc. Le port, quant à lui, est resté bloqué malgré une décision de Justice enjoignant sa libération.

Prises de position loyalistes
Sonia Backes, au nom de la province Sud, a réagi vigoureusement. « Les indépendantistes cherchent dans ce combat à permettre à la province Nord de faire main basse sur les ressources du Sud ». Et d’ajouter : « nous ne laisserons pas faire », rappelant que les 3000 emplois en jeu « ne sont pas moins « pays » que ceux du Nord ».

Les Loyalistes, de leur côté, avaient, la veille, déclaré que « force doit rester à la loi » et appelé au dialogue dans les institutions. Un dialogue écarté par l’Ican/Collectif.

Politique versus Economie
Refus de dialogue avec les institutions locales, refus des règles de liberté du commerce, les indépendantistes ne paraissent guère sensibles aux arguments relatifs à la préservation de 3000 emplois et d’une usine de très haute technologie. Leur objectif est d’abord politique : montrer leur force à un Etat hésitant, s’approprier les ressources et les moyens de production, aboutir à une indépendance aux accents de la suprématie d’une minorité.

Du côté loyaliste, la réflexion est essentiellement économique et rationnelle. L’échec des négociations actuelles entraînerait la fermeture de l’usine et son cortège de catastrophes sociales, économiques et financières.

Quels risques ?
C’est aujourd’hui un bras de fer qui se joue. Face à un Etat inexpérimenté sur le dossier calédonien, les indépendantistes jouent de leur expérience. Les images diffusées sur le « préalable » minier, manipulation habilement orchestrée, viennent à l’appui de leurs positions. Mais leur pari est risqué car si, -comme visiblement ils n’en ont cure-, l’usine était mise sous cocon, cette bombe risquerait de leur péter à la figure.

C’est qu’en effet, les ressources budgétaires locales sont à l’agonie, et le trou de la Cafat s’élargissant, les régimes sociaux et de santé demeurent au bord de l’effondrement. La fermeture de l’usine de Prony générerait une déflagration telles que la population comme les institutions seraient à terre. 3000 emplois, une panique économique, le désespoir de milliers de familles seraient une catastrophe nucléaire.

Comment, dans ces conditions, convaincre davantage les Calédoniens que Kanaky serait un Etat juste et … prospère, administré pour le bien de ses populations, et constitutionnellement démocratique ?

Quelles issues ?
Face à un conflit opposant une idéologie agressive à la rationalité démocratique, il existe généralement deux issues.

La première, c’est qu’en dépit des pressions exercées, la transaction sur l’usine du Sud aboutisse et que, après ces tensions, les choses reprennent leur cours qui demeure tout de même périlleux.

La seconde, si le chaos s’abattait, est un retour aux urnes, précédé d’une campagne où devraient être soumises au peuple, les solutions crédibles pour en sortir. L’épreuve des faits, après l’ivresse des mots …