
C’est un véritable coup de théâtre. La négociation exclusive qui s’est ouverte pour la reprise de Vale NC jusqu’au 4 décembre, avec une conclusion de l’offre en janvier prochain, va porter un projet essentiellement calédonien pour la naissance de “Prony Resources New Caledonia”. Dans ce nouveau montage inédit, 50% du capital sera détenu par des actionnaires publics et privés calédoniens.
CHAQUE CALÉDONIEN POURRA Y PARTICIPER
Le capital de “Prony Resources New Caledonia comprendrait deux grands groupes de partenaires : les actionnaires calédoniens et les actionnaires internationaux. Dans la partie calédonienne figurent les salariés de Vale NC pour 23%, les trois provinces regroupées dans la Société de Participation Minière du Sud Calédonien à 10% (au lieu aujourd’hui de 5%), avec effacement de la dette Vale et BRGM (27 milliards Vale, et près de 9 milliards au BRGM), Promosud (10%), et une souscription publique au hauteur de 7%.
Cette dernière partie du capital est une innovation, permettant de renforcer le caractère dénommé “pays” de l’installation industrielle et minière. On ne la retrouve en effet ni dans la SLN, ni dans Koniambo. Ainsi, chaque Calédonien pourra participer à la suite de cette formidable aventure technologique (la première installation hydrométallurgique) et industrielle.
LA COMPAGNIE FINANCIÈRE DE PRONY
Comme déjà annoncé, le géant suisse Trafigura sera de la partie pour 25%, et surtout, pour apporter son exceptionnelle force de frappe pour la vente des produits de l’usine du Sud. C’est une augmentation de “10% du chiffre d’affaires” qui peut être estimée grâce à ce concours, indique Antonin Beurrier, artisan majeur du nouveau montage.
Les 25% complémentaires seront portés par la Compagnie Financière de Prony comportant des associés internationaux investisseurs, parmi lesquels pourraient figurer Tesla, Automotive Cells Company (ACC) associant PSA et Total, ou encore un fonds d’investissement australien.
120 MILLIARDS DE REPRISE ET UNE RENTABILITÉ DÈS L’AN PROCHAIN
Au total, la reprise envisagée va mobiliser un investissement global de 1,2 milliards de dollars US, soit un peu plus de 120 milliards FCFP.
Grâce aux efforts de productivité des salariés, l’usine devrait produire, dès cette année, 30.000 tonnes de nickel hydroxyde Cake (NHC), contenant également du cobalt, et dont la demande dans la fabrication des batteries a considérablement augmenté.
Cette production devrait s’élever à 35.000 tonnes en 2020, puis atteindre sa vitesse de croisière de 40.000 tonnes annuelles à partir de 2022. Et d’ores et déjà, un premier accord d’achat de production sur 13 ans est sur la table, tandis que le cours du nickel est à la hausse.
DES OBJECTIFS ENVIRONNEMENTAUX EXCEPTIONNELS
Le projet présente des objectifs écologiques très ambitieux : la réduction des émissions de CO2 de 50 % en 10 ans pour viser la neutralité carbone en 20 ans. L’énergie nécessaire serait produite grâce au solaire
Par ailleurs serait acté le doublement des garanties environnementales et minières en deux ans, à hauteur de 16 milliards de CFP. Une assurance privée garantirait les risques industriels pour 40 milliards !
3000 EMPLOIS SAUVÉS … ET LE RESTE
Cette reprise, inédite dans sa participation calédonienne, permettrait ainsi de sauver quelques 3000 emplois directs et indirects, parmi lesquels 1200 salariés de l’usine devenus actionnaires.
Elle éviterait également le cortège de catastrophes qui toucheraient en premier lieu les 3000 familles calédoniennes, la Cafat, ses cotisations et sa Caisse Chômage, les contributions fiscales, et un pan entier de la consommation locale.
Dans cette vaste opération, il apparaît que l’Etat, Antonin Beurrier, le gouvernement et la présidente de la province Sud, Sonia Backes, ont joué un rôle déterminant.
Antonin Beurrier
Né en 1970, Antonin Beurrier est ancien élève de la Columbia Business School, New York, de l’Ecole Nationale d’Administration (promotion « Marc Bloch ») et de Sciences-Po Paris.
Après un début de carrière professionnelle comme sous-préfet en tant que Directeur de Cabinet du Préfet du Puy-de-Dome, puis en Polynésie Française, Antonin Beurrier rejoint le Groupe MICHELIN entre 2000 et 2005 comme Responsable de la Zone Europe du Nord, basé à Stockholm, puis comme Directeur des Relations Investisseurs.
En 2005, il rejoint le ministère des Finances au service de l’Inspection des Finances.
Entre 2007 et 2011, il rejoint l’équipe de direction du groupe industriel suédois “SANDVIK Mining & Construction” et, depuis Shanghai et Singapour, se voit confier la stratégie de développement du Groupe pour les pays émergents (Chine, Inde et Russie), puis la direction générale de la Zone Asie (principalement Chine, Japon et Corée).
En 2011, il intègre le comité exécutif de la division Nickel du groupe minier et métallurgique XSTRATA (Toronto) et prend la présidence de sa filiale calédonienne.
Après avoir fondé son entreprise de conseil et d’investissement en 2013, il rejoint l’année suivante le groupe minier brésilien “VALE” comme Président de l’entreprise Vale Nouvelle-Calédonie.
Il intégrera le Comité Exécutif du groupe Aéroport de Paris en 2016, puis sera rappelé en Nouvelle-Calédonie.