
Selon Alain Jeannin pour Outre mer 1ère, l’avancée positive de la négociation entamée par un consortium de 5 partenaires du monde de l’industrie et du négoce devrait conduire au dépôt d’une offre crédible de reprise des installations de Vale NC en Nouvelle-Calédonie. Cette offre serait déposée auprès de Vale Canada qui gère le dossier calédonien, et permettrait d’éviter la fermeture annoncée de l’usine du Sud, c’est à dire le maintien des 1300 emplois directs, des 1600 emplois des sous-traitants, et des quelques 2000 emplois induits générés par l’ensemble des ces activités.
Plusieurs éléments concourent à l’évolution positive de ce dossier crucial pour la Nouvelle-Calédonie en général, et pour la province sud en particulier.
Le marché du nickel, d’abord, dopé par la demande de batteries liée au développement exponentiel des voitures électriques. Le patron de Tesla, Elon Musk, suppliait littéralement les producteurs de nickel et de cobalt d’approvisionner le marché dont l’offre ne sera plus satisfaite dès 2023.
Le marché intérieur français, ensuite, motivé également par la progression des voitures électriques, et surtout par les objectifs de relocalisation industrielle suite aux constats alarmants résultant de la crise du Covid. La production automobile française est un secteur majeur de l’industrie française. La sécurité de l’approvisionnement du nickel et du cobalt est devenu un enjeu.
Les orientations adoptées par le géant du négoce Trafigura, concurrent de Glencore dont le siège social est également en Suisse et créé par deux Français, pèsent probablement dans la balance. La compagnie, d’abord dédiée au négoce du pétrole, s’est, depuis plusieurs années, intéressée aux métaux non ferreux. Elle a même sauté le pas vers l’investissement industriel direct en rachetant une firme minière et métallurgique de nickel en Finlande, puis en lui permettant des investissements liés à la production de batteries électriques.
Sur le marché, le nickel se porte bien, et la tendance devrait se confirmer pour les années qui viennent. Aujourd’hui, approchant les 16.000$ la tonne, il retrouve des cours parmi les plus élevés ces dernières années.
Sur place, les opposants à tout projet de reprise autre que par Sofinor, persistent. Ils ont été reçus par la présidente de l’Assemblée de la province Sud. Cette opposition est purement politique, le partenaire coréen annoncé n’ayant pas confirmé son engagement financier, et la Sofinor se trouvant elle-même en difficulté financière.
En revanche, au sein de l’usine, les personnels ont mis les bouchées doubles pour sauver leur outil. Au troisième trimestre de cette année, la production a augmenté de 19%, et atteint 27.000 tonnes sur les 9 premiers mois 2020. Quant au cobalt, sa production bondit de 59% par rapport à la période équivalente de 2019 ! Incontestablement, les investisseurs potentiels ont été rassurés, par ailleurs, par la volonté des salariés de l’entreprise de participer à un fonds de participation salariale dans la société.
Sébastien Lecornu, qui devrait sortir de quatorzaine en fin de semaine et entreprendre, physiquement, sa tournée calédonienne, serait probablement heureux d’annoncer la conclusion de l’offre de reprise de l’usine du Sud et du sauvetage de milliers d’emplois. Il en aurait la légitimité, ce dossier étant accompagné comme le lait sur le feu, par Paris.