
Qui pourrait prétendre que Nidoish Naisseline, fondateur du LKS devenu Dynamique Autochtone, lui, feu le Grand Chef de Guahma à Maré, premier intellectuel kanak dont les réflexions dès le début des années 60 ont abouti à la reconnaissance de l’identité kanak, n’était pas indépendantiste ? C’est au nom de cette filiation et de sa conception de l’indépendance que ses héritiers politiques de Maré prônent le “Non”, affirmant demeurer indépendantistes, mais revendiquant leur désaccord avec la conception de l’indépendance actuelle. Un caillou dans la chaussure du FLNKS et des Loyaltiens.

Il avait marqué sa différence dès 1981, en quittant le Palika dont sa mouvance (les Foulards Rouges) avait été la fondatrice aux côtés de celle d’Elie Poigoune (Groupe 1978). Attaché au débat démocratique, défenseur scrupuleux des valeurs coutumières, il était en désaccord sur des points importants idéologiques et électoraux, avec ses anciens partenaires.
Dans le monde politique calédonien et par ses prises de position à l’Assemblée Territoriale puis au Congrès, il avait, en permanence, fait valoir cette différence. Et pour autant, de tous les bords politiques, il inspirait un grand respect.
La position de ses héritiers politiques de Dynamique Autochtone obéissent, à la fois, au constat critique d’un contexte local, et à leur analyse d’une indépendance qui serait, par conséquent, non conforme à leur idéal. En particulier, aux côtés de l’ancien maire de Maré, Basile Citré, Joseph Waikedre souligne, sur la base des constats recensés sur l’île, les divisions de la Société kanak générées par la revendication de l’indépendance conçue par le FLNKS et les partis qui le soutiennent.
A Maré, ces constats sont, en effet, révélateurs : “divisions dans les clans et les districts en raison de « l’impact des appareils politiques », drame de Maré de 2011 « sans suite », nomination d’un petit chef de tribu « alors que le grand chef n’était pas associé selon la tradition », « barrage de partis indépendantistes » aux élections municipales 2020 sur l’île « alors que nous sommes arrivés en tête avec 1 644 voix »…” (Les Nouvelles Calédoniennes – 19 septembre).
Dynamique Autochtone, en conformité avec l’idéal sociologique de Nidoish Naisseline, prône une indépendance acceptée, et non imposée, une indépendance plus sereine, conforme “à la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou”, une indépendance également conforme à l’Evangile accueillie pour la première fois, en Nouvelle-Calédonie, sur les rivages de Maré, et conforme, enfin, aux valeurs coutumières d’accueil. Autant de référence que le parti ne trouve pas dans l’indépendance sollicitée le 4 octobre prochain par le FLNKS et ses alliés.
En votant “Non”, les héritiers intellectuels de Nidoish Naisseline ne renoncent pas à l’indépendance. Ils interpellent sur le contenu de l’indépendance revendiquée le 4 octobre, un contenu dont l’imprécision, le manque de clarté, la forte teinte ethnique rend en effet plausible la charge de divisions qu’il contient, selon eux, une division qui affecterait en premier lieu, en cas de victoire du “Oui”, la Société traditionnelle kanak.
Enfin, en rappelant “la poignée de main”, ils posent clairement la viabilité, par son acceptation, d’une indépendance à laquelle la moitié des électeurs calédoniens, et en réalité, une majorité de la population, serait hostile. L’ombre de Nidoish Naisseline, combien même il est aujourd’hui disparu, plane encore sur le débat politique calédonien …