
Ce n’est pas tout à fait comme « le zizi » de Pierre Perret, mais les Calédoniens découvrent peu à peu les mille et une subtilités du « non ». De ce point de vue, le Larousse est aride, pour qui « non » exprime le refus, le désaccord. La Calédonie vient utilement enrichir ce dico pour les Nuls. Il s’agit, évidemment, du « non » à l’avènement de Kanaky, par rapport au « oui » à son instauration.
Il y a, depuis quelques jours, le « non » qui peut s’interpréter comme un « nom ». Là, c’est un jeu de mot, plutôt habile.
En revanche, la signification de « non », depuis, s’est prodigieusement enrichie.
Il y a le « non » respectueux, par opposition au nom irrespectueux. Et peut être agressif. Non mais …
Il y a le « non » humble. Il fait bonne mesure avec l’utilisation débridée de « humilité », un mot que l’on peut trouver dedans, dehors, au dessus, et même au dessous. « Humilité », d’ailleurs, tient largement la corde, puisque tout, en Calédonie, se fait, se dit, se pense, « avec humilité ». Même l’arrogance, de plus en plus en plus présente, s’exprime avec humilité. Même la menace, l’agression, l’exclusion, s’expriment avec humilité. Bientôt, seule l’humilité ne sera pas humble. Mais c’est dire l’étendue du « non » avec humilité.
Il y a le « non » identitaire. A croire que « non-kanak », qui exprime la négation d’une identité, devient chez nous, une identité. Avec humilité, bien entendu.
N’oublions pas le « non » fier. Ce qui voudrait dire, par opposition, que le « oui » serait honteux. Une absence d’humilité qui est contrevient au « non » humble. Carton jaune.
Il y a même le « non » avec amour. Mais là, pas de chance, l’invention ne sera pas calédonienne : Gainsbourg y avait pensé en écrivant « je t’aime … moi non plus ».
Reste qu’au final, le jour du référendum et pour répondre à la question de vouloir vivre en Kanaky, le « non » n’aura qu’une seule signification : non.