
Baaba, Yenghebane, deux îlots face à l’extrémité nord de la Grande Terre dont ils sont séparés par le passage de Boat Pass. Ils font partie du district des Nénémas. Baaba est habitée par quelques familles, liées à Yenghebane, davantage peuplé, où se trouvent la maison commune et le magasin. Un point commun : l’abandon dans lequel sont laissées ces populations. Dénuement.
PAS D’EAU, SAUF PENDANT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE …
Si depuis des décennies, les priorités d’équipement des ménages calédoniens sont d’abord l’alimentation en eau potable, ce ne paraît être guère ici. Certes, un tuyau existe. Il est censé alimenter les habitations à partir de la Grande Terre. Ce qui manque, c’est … l’eau dans ces tuyaux. « Sauf pendant les campagnes électorales. Mais un fois les bulletins dans l’urne, il n’y a plus rien ! »

Résultat : l’eau de pluie doit être recueillie. Conservée dans des bidons, elle suffit à peine pour les besoins quotidiens.
PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES … APRÈS LA VISITE DU SOUS-PRÉFET
L’électricité, dans ces conditions, relève évidemment du grand luxe. A Yenghébane, des panneaux photovoltaïques ont été installés. Probablement dans le cadre d’un contrat de développement où l’Etat, notamment, a mis la main à la poche. Le souvenir, en tout cas, c’est que l’électricité est venue après la visite « du sous-préfet ».

Après cette amélioration de confort, des gens sont revenus au village, preuve que ces progrès encouragent la fixation des populations. Pour ceux de Baaba, « le courant », c’est un rêve inaccessible. Fond d’Electrification Rurale, qu’es-tu devenu ?
DES SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES DÉSORMAIS ACCESSIBLES
Pour fournir durablement de l’eau et de l’électricité aux « abandonnés » de Baaba et de Yenghébane, deux solutions techniques modernes existent en 2020.
Si le tuyau, déjà installé, ne convient pas, des microstations de désalinisation alimentées par énergie solaire, avec un petit groupe électrogène d’après peuvent faire l’affaire.
Quant à l’électricité, les panneaux photo-voltaïques déjà installés à Yenghébane peuvent être dupliqués à l’échelle des ménages à Baaba.
Les budgets existent, et la dépense de caractère durable n’est pas exorbitante.Il ne manque que la volonté politique …
S’OCCUPER DES « PLUS PETITS »
Comment ne pas comprendre l’amertume des ces « abandonnés » quand le confort existe à quelques kilomètres, et qu’ils entendent parler de milliards consacrés chaque année depuis 30 ans pour le rééquilibrage. Et en l’espèce, personne, dans la région, ne jette la pierre à la province Sud. Cette amélioration de la vie au quotidien, c’est à la commune de Poum, à la province Nord, qu’elle incombe. Un rééquilibrage interne à la province, en quelque sorte.

« Mes garçons sont maintenant au Collège« , précise Arnold. « En internat, ils ont ce confort et ne comprennent pas que nous l’ayons pas à la maison quand ils reviennent.C’est basique !« .En attendant, la petite dernière de la famille d’Arnold ira à l’école l’an prochain. Son père l’emmènera chaque matin, avec son petit bateau, sur la Grande Terre pour que le car de ramassage scolaire la conduise à l’école de Tiabet. Le soir, la petite Edwige reviendra dans sa maison dépourvue d’eau et d’électricité, après qu’on lui ait expliqué, dans sa classe, que maintenant, le progrès s’installe partout grâce à … l’accès à l’eau potable et à l’électricité.