
Le résultat serré des élections au Medef a produit quelques surprises. La candidate de l’ancienne équipe ne pouvant accéder à la présidence, c’est finalement Samuel Hnepeune, Pdg de la compagnie Air Calédonie qui occupe la fonction, tandis que la première Vice-présidence échoit à une jeune cheffe d’entreprise, Mimsy La Selve. Particularité : c’est la seconde fois qu’un dirigeant d’Air Cal (Olivier Razavet fut le premier) est chargé de représenter l’intérêt des employeurs du territoire. Autre caractéristique : le président du Medef est salarié d’une entreprise publique. Un sacré challenge pour défendre la relance, et parfois la survie, d’un secteur économique dont les acteurs s’appuient essentiellement sur des capitaux privés. Originalité : c’est la première fois qu’un Calédonien d’origine kanak assume cette lourde responsabilité.
UN CHEF D’ENTREPRISE TENACE
Le parcours du nouveau patron du Medef, loyaltien, et frère de l’ancien maire de Lifou également ancien président de la province Iles, ancien Vice-président de l’Union Calédonienne, n’est pas banal. Passé par la Banque Calédonienne d’Investissement, il a connu ensuite l’activité des cabinets politiques et des fonctions de responsabilité au gouvernement, avant de prendre les commandes difficiles de la société publique Air Calédonie.
Sa fermeté dans le récent conflit de la compagnie avec les coutumiers de Lifou et le chef de La Roche à Maré, une fermeté souvent affichée dans les innombrables négociations avec les syndicats maison lui ont apporté une solide expérience dans le dialogue social particulier à la Calédonie.
DÉFENDRE UN SECTEUR ESSENTIELLEMENT PRIVÉ
Ces qualités seront-elles suffisantes pour défendre efficacement les entreprises calédoniennes dans une économie libérale, fondée essentiellement sur des capitaux privés ? Dans cette tâche, le président du Medef n’est pas seul. Il est assisté d’un comité directeur, et l’organisation comprend des commissions en charge de l’étude des dossiers et des avis à formuler. Cette chimie particulière a montré qu’au total, il était possible, pour la représentation des employeurs, de faire valoir des positions équilibrées entre des sensibilités différentes.
UNE PERCÉE DE LA LISTE 2.0
L’élection s’est soldée par une sorte de match nul entre les deux listes, même si la présidence, initialement promise à Valérie Zaoui, échoit finalement à Samuel Hnepeune de l’Unimedef. La nouvelle génération portée par la liste 2.0 réalise un bon score, majoritaire en voix, mais rate la majorité des représentations de peu. Elle s’adjuge cependant la première et la troisième vice-présidences, ainsi que deux présidences de commission. Au total, le Medef, auquel s’est ajouté récemment la Finc, porte un cocktail qui pourrait bien être productif.
AU CHEVET DES ENTREPRISES
C’est que pour redonner des perspectives et de l’allant aux entreprises, le Medef devra d’abord retrouver de la cohésion. Ensuite, il lui faudra être présent au chevet des entreprises, les grandes comme les petites. Or, s’il a beaucoup été question des affres du Covid, il ne faut pas oublier que les entreprises calédoniennes étaient déjà, avant la crise sanitaire, en grande difficulté. L’organisation patronale s’était, à plusieurs reprises, dressée contre des mesures décidées par le gouvernement Germain.
C’est enfoncer des portes ouvertes que de rappeler que sans une économie en bonne santé, point de rentrées fiscales, point d’équilibre des comptes sociaux, et au total, point de progrès d’une société toute entière. Samuel Hnepeune se définit comme un président « d’ouverture ». Dans un premier temps, l’ouverture sur une tâche d’autant plus ardue qu’elle sera attentivement observée par les responsables politiques et sociaux.