Il est rarissime qu’un ministre de l’Intérieur soit à ce point en rupture avec la police. Du point de vue de la gestion de l’Etat, l’événement est politiquement gravissime. Dans plusieurs villes de France, les policiers se sont rassemblés et ont symboliquement jeté les menottes à terre.

« Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France. Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture lundi. À lui de regravir l’Everest de la confiance« , a déclaré jeudi Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police-FO, qui a appelé ses collègues « à ne plus interpeller, à ne plus intervenir ».

A l’origine de cette fronde, les déclarations de Castaner sur le racisme dans la police, et sur les techniques d’interpellation. Les policiers réclament le maintien de la technique dite « de clé d’étrangement », mais aussi plus de soutien de leur ministère au sujet du racisme présumé dans leur rang, plaidant qu’il ne faut « pas généraliser« . « La police n’est pas raciste, on en a marre de l’entendre« , a déclaré Fabien Vanhemelryck, du syndicat Alliance.

Le gouvernement, dont l’image a été altérée par des erreurs stigmatisées lors de la crise du Covid -la polémique sur les masques, les tergiversations sur la chloroquine-, aurait probablement préféré se passer de ce nouvel épisode qui vient abimer un peu plus son autorité.