Mises en cause du Haussaire, du Général, de responsables loyalistes, de l’action de la France : l’UC en campagne référendaire ?

C’est un long réquisitoire, dans une lettre ouverte, auquel se livre le président de l’Union Calédonienne contre les affres du colonialisme, accusant l’Etat de « déloyauté » dans la préparation du référendum,  de manquement à sa parole, de contournement des règles sanitaires liées au Covid-19, dénigrant les conditions du prêt consenti de 28 milliards, pour finalement demander le renvoi du Haut-Commissaire, du général commandant les FANC, et la suspension de «  toutes les dérogations de vol en provenance de l’étranger et de Métropole tant que le corpus de lois prises dans le cadre de l’urgence sanitaire en métropole, ne soit retiré pour la Nouvelle-Calédonie. » Stratégie ?

CHARGES CONTRE L’ETAT, ET DONC LA FRANCE
Le président de l’UC remonte dans le temps pour évoquer les épidémies de grippe, « quasi génocide sanitaire« , les lois dites « Billotte » de 1969, puis la réunion de Nainvilles-les-Roches où « la parole donnée » aurait été ensuite  » bafouée et reprise dans le cadre du statut Lemoine. » (le statut mis en application en novembre 1985-ndlr).

Plus récemment, des militaires auraient transgressé les règles sanitaires d’arrivée ou de transit appliquées au commun des mortels. Conclusion, d’après le responsable indépendantiste :  » Ce Haut-commissaire et ce général doivent rendre des comptes publiquement et quitter notre Pays et qu’ils nous fassent grâce de leurs tromperies et de leurs mensonges lors de déclarations médiatiques sur nos médias pour apaiser les coutumiers et les calédoniens« .

LE RÉFÉRENDUM EN ARRIÈRE PLAN
La lettre ouverte est adressée aux « citoyens calédoniens », mais pas aux Calédoniens. Les citoyens, selon la définition de la loi, sont les électeurs admis à voter aux élections provinciales. Et par extension, aux référendums.

Le président de l’UC s’en prend aux représentants de l’Etat, les accusant d’une « véritable collusion avec les anti-indépendantistes. »

Il cite ainsi le Haut-Commissaire qui choisirait  » arbitrairement et illégalement »  » le Président du gouvernement et la Présidente de la Province Sud comme seuls interlocuteurs. » Cette dernière qui, visiblement, gêne les visées indépendantistes, est décrite comme un « activiste infatigable dans cette crise, pour promouvoir et vendre ce « front du NON » au référendum avec l’Etat qu’elle a pleinement associé et avec lequel, elle a trouvé une complicité inespérée pour mener sa campagne du « NON ».

Le Parquet n’est pas épargné.  » Ces derniers jours, c’est le Procureur de la République qui s’affichait publiquement et s’acoquinait triomphalement aux côtés de la présidente de la Province Sud« , évocation de l’interdiction d’errance des mineurs durant la nuit, présentée comme une « chasse à peine déguisée aux petits KANAK et Océaniens pour lutter contre la délinquance de notre jeunesse. »

DÉNIGRER L’ACTION DE LA FRANCE DANS LA CRISE SANITAIRE
Chacun le sait, aujourd’hui : sans la « solidarité nationale », en clair sans l’intervention de la France représentée par l’Etat, la Nouvelle-Calédonie ne pourrait pas faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. Cela pourrait-il faire réfléchir quelques électeurs dans la perspective du prochain référendum ?

En tout cas, l’Union Calédonienne estime qu’en accordant un prêt bonifié au territoire, l’Etat ne fait qu’une bonne affaire financière. Et que cette intervention ne relève que de « sa compétence régalienne en matière de monnaie crédit« …

Cet argument économique vient évidemment s’ajouter à ce qui serait une mise en danger sanitaire, par les représentants du même Etat, de la population locale, accusation évoquée précédemment.

REDITE SUR LA NÉGOCIATION DIRECTE AVEC L’ETAT
L’UC anticipe-t-elle sur un résultat défavorable des référendums d’autodétermination ? « L’Union Calédonienne ne s’interroge plus sur la nécessité de poursuivre le dialogue sur l’avenir politique de la Nouvelle-Calédonie avec un interlocuteur partisan et déloyal. Le temps est venu d’envisager une nouvelle stratégie politique dans le cadre uniquement d’une relation colonisé-colonisateur et à l’aboutissement à un résultat très rapidement dans le temps. »

QUELLES MOTIVATIONS POUR QUELS OBJECTIFS ?
Un certain nombre d’arguments avancés ne sont pas nouveaux. Les épidémies introduites, les lois « scélérates » Billotte, l’échec de Nainvilles-les-Roches, ont déjà contribué à alimenter la dialectique indépendantiste. Fustiger la France, et donc l’Etat, ne l’est pas non plus. La crise du Covid et la proximité du référendum, en revanche, constituent une actualité nouvelle, imprévue pour la situation sanitaire.

Cette dernière a mis en relief la fragilité de la Nouvelle-Calédonie devant son niveau de développement. A l’évidence, celui-ci ne pourrait être maintenu sans l’intervention de la France, au travers de facilités financières et d’aides directes.

A trois mois d’un scrutin au travers duquel les indépendantistes promettent que la Calédonie … ira mieux sans la France, cette situation est politiquement gênante.

L’Union Calédonienne est en campagne. Elle s’adresse donc aux électeurs, en tentant de démontrer que l’action de la France est négative en Calédonie, et en s’attaquant aux leaders loyalistes les plus éminents, en l’espèce la présidente de la province Sud et le président du gouvernement.

En annonçant, de surcroît, un « changement de stratégie » par une négociation directe avec « le colonisateur » pour accéder à l’indépendance, l’UC met deux fers au feu : tenter de consolider le résultat du premier référendum, et, en cas d’échec, faire fi du résultat du second -et probablement du troisième- scrutin.

Pour l’instant, favorable à une « indépendance an partenariat avec la France », le leader du Palika-Uni ne s’est pas associé à cette querelle.