
C’était le 5 mai 1998. Derrière les sourires, chacun imaginait “sa” solution pour 1,2 et 3 référendums à partir de la mandature de 2014. Mais déjà, l’extraordinaire contradiction était affichée, plutôt sereinement : un destin commun revendiqué haut et fort, et, au bout du chemin, … deux choix séparés totalement opposés, celui de la France, et celui de l’indépendance !
Vingt ans plus tard, cette contradiction a éclaté au grand jour au travers du premier référendum : dans le Nord et dans les Iles, près de 80% des électeurs veulent devenir indépendants, dans le Sud, 80% des électeurs veulent rester Français. Où est … le destin commun ?
Bien entendu, l’Accord de Nouméa, comme les Accords de Matignon, ne sont pas qu’un échec politique. Après les sanglants événements de 1984-1988, une longue période de paix s’est installée. Cette paix a permis un développement économique important, même si ces dernières années ont été marquées par un enlisement du territoire dans une crise.
Mais il n’empêche. Malgré les centaines de milliards déversés, la province des Iles vit toujours aux dépens du Sud, pourvoyeur de 92% des ressources fiscales calédoniennes, une province qui accueille la moitié de la population Ilienne. Le Nord, en revanche, a connu un développement notable grâce à l’usine de Koniambo. Son leader prône désormais une indépendance “en partenariat avec la France”, tandis que son rival indépendantiste, majoritaire aux Iles, réclame une souveraineté sans partage.
L’Accord de Nouméa, avec son préambule aux accents lyriques, pouvait faire illusion sur un avenir commun et radieux. En 2024, il faudra, au contraire, constater les fractures irréductibles, les ambitions institutionnelles divergentes, sur fond encore plus clivant de corps électoral. Joyeux anniversaire.