
Le territoire peut-il, miraculeusement, continuer à être préservé du coronavirus, ce qui revient à se demander si, comme pour le nuage radioactif de Tchernobyl, le virus respecterait l’interdiction d’entrée à Tontouta ? A question stupide, réponse évidente. Qui peut affirmer qu’aujourd’hui, aucun porteur sain n’est présent en Calédonie, de retour d’une zone infectée ? Accessoirement, le fait est que la métropole est devenue un des principaux foyers dans le monde.
L’ISOLEMENT EST UNE CHANCE À NE PAS GÂCHER
La chance de la Calédonie est la même que celle de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande : jouir d’un isolement géographique par son état d’île. Comme pour l’île continent australienne, ou les îles néo-zélandaises, le territoire possède le contrôle de ses entrées.
En métropole, 5400 personnes sont contaminées à ce jour, 400 sont dans état grave et 127 sont décédées. Le stade 3, celui de l’épidémie déclarée, est déclenché depuis le samedi 14 mars. Les écoles ont fermé leurs portes vendredi soir pour une durée indéterminée, les restaurants, les cafés, les bars, les discothèques, les cinémas ferment à partir de samedi soir minuit jusqu’au 15 avril et les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits.
AUTO-ISOLEMENT OBLIGATOIRE EN AUSTRALIE ET EN NOUVELLE-ZÉLANDE POUR LES ARRIVANTS
En Australie, après l’interdiction d’accostage des navires de croisière, le gouvernement fédéral a décidé l’auto-isolement de tout arrivant pendant 14 jours. Les Etats peuvent être plus drastiques.
Il vient également d’être décidé que les plus de 60 ans et les personnes handicapées, personnes plus fragiles, pourront faire leurs courses dans les supermarchés entre 7h et 8h le matin.
Mesure identique en Nouvelle-Zélande : les passagers entrant dans le pays devront se mettre à l’auto-isolement pendant 14 jours.
CONTRÔLES ET LOURDES SANCTIONS POUR LES CONTREVENANTS
Le civisme méritant d’être « encouragé », les anglo-saxons, pragmatiques, ont prévu des sanctions financières et même de la prison pour ceux qui ne respecteraient pas ces obligations sanitaires. Les autorités pourront évidemment effectuer des contrôles inopinés.
Ainsi, dans le New South Wales, ces « penalties » peuvent atteindre le million FCFP et 6 mois de prison. Dans le Queensland, prisé par les Calédoniens, l’amende est de 13.000 dollars.
Le gouvernement calédonien doit annoncer aujourd’hui des mesures fortes pour protéger la population calédonienne. Hier, une réunion de crise s’est tenue entre les responsables de l’Etat, des institutions locales et les autorités sanitaires.
La Nouvelle-Calédonie bénéficie du fait d’être une île. Elle est, officiellement du moins, indemne du coronavirus à la parution de cet article. Elle ne peut s’exonérer de mesures fortes et doit s’inspirer des décisions prises par nos voisins australiens et néo-zélandais. A défaut, il est difficile d’imaginer avec quelle rapidité le virus pourrait se répandre au sein d’une population dont 75% est regroupée dans une seule agglomération.
L’ACCOMPAGNEMENT ÉCONOMIQUE
Bien entendu, de telles décisions auraient des conséquences économiques graves. La Calédonie doit solliciter l’application des interventions annoncées par l’Etat dans ce domaine, et s’atteler à construire elle-même un dispositif de soutien, voire de survie, des entreprises.
Des médicaments sont actuellement testés cliniquement. Les molécules utilisées l’ont déjà été contre Ebola et le VIH. Elles semblent avoir la faculté de stopper la progression du coronavirus dans l’organisme humain, et les résultats seront connus dans quelques jours.
En cas de succès, ce serait un premier pas concret dans la lutte contre le nouveau virus. Ce serait ensuite la mise sur le marché d’un vaccin, mais pas avant un an.
En attendant, c’est par des mesures drastiques que le territoire pourrait se prémunir au mieux d’une catastrophe qui serait sans précédent dans son histoire.