
9.900 personnes ont quitté la Calédonie au cours des 5 dernières années. Il faudra y ajouter un authentique Calédonien, Jean Marc Mocellin, qui a dirigé NC Tourisme Point Sud pendant 2 ans. Ce départ d’un professionnel, appelé aux responsabilités du tourisme en Polynésie, est un aveu d’échec. Une déception, exprimée sous forme de regrets par l’intéressé, des chiffres du tourisme toujours bizarres avec la prise en compte… des marchés wallisien, vanuatais et polynésien, et l’absence de résultats dans la ligne des objectifs quelque peu fantaisistes, et du PDTCNC en 2005, et des « Ateliers du Tourisme » en 2016. Gâchis.
LES CHIFFRES DE L’ISEE « À LA RAMASSE »
Comment bâtir une stratégie économique en l’absence de chiffres sérieux ? Impossible. Donc tout cela relève davantage de la communication que du développement.
A preuve ? Les statistiques « rapides » d’arrivées des touristes à Tontouta les plus récentes datent … de juillet 2019. C’est ainsi que les perspectives 2020 ont été bâties en l’absence des résultats 2019. Sérieux ?
Les chinois construisent un hôpital de 1000 lits en 10 jours. Mais chez nous, l’interprétation de la collecte des arrivées de quelques milliers de passagers prend au moins 7 mois ! Il faut commander les bons algorithmes à Pékin …
Quant aux chiffres eux mêmes, leur analyse pose vraiment problème. S’agit-il de se gargariser, ou de tenter de faire évoluer le développement ? Annoncer des records de fréquentation en comptabilisant … les Wallisiens, les Futuniens, les Vanuatais et les Polynésiens, ce n’est guère sérieux. Juste de la sémantique économique. A preuve, les 40% … d’augmentation de Japonais affichée.
Car non seulement, les chiffres 2019 ne sont pas disponibles, mais de surcroît, il faut se souvenir qu’il y a 20 ans, 35 000 japonais fréquentaient l’Ile la plus proche du Paradis contre … tout juste 20 000 en 2018. Alors, 40% d’augmentation …
Une seule explication : analyses et chiffres, les statistiques « locales » sont tropicalisées …
L’AGENCE DU PAYS : L’ÉCHEC D’UNE OPÉRATION SE RÉSUMANT À DE LA « COM »
Pour qui connaît la volonté des provinces de préserver jalousement leurs prérogatives respectives, le projet d’Agence « pays » issu des Ateliers du Tourisme paraissait farfelu.
Non seulement, il empiète sur les prérogatives provinciales et municipales -genre de casus belli-, mais il méconnait le souci constant de maintenir les équilibres entre tous, et donc de ne pas imposer un « machin » concocté de manière technocratique.
A l’origine, le GIE Destination Nouvelle-Calédonie regroupait les 3 provinces et fonctionnait tout à fait normalement. Que n’en a-t-on tiré quelques enseignements ?
LE TOURISME CHINOIS : LA PROIE POUR L’OMBRE !
C’est un peu comme pour les présidentielles : depuis 4 décennies, les Calédoniens ont toujours choisi le candidat perdant !
La Nouvelle-Calédonie possédait un marché en or massif : le Japon. 130 millions d’habitants, soit 2 fois la population de la France, près de 20 millions de voyageurs dont plus de 2 millions vers le Pacifique, une clientèle polie, disciplinée, amoureuse de la culture française, des plages, du shopping et de la plongée. Qui dit mieux ?
Au lieu de cela, les experts du tourisme local n’ont cessé de se détourner de cette pépite. La dernière lubie a été la Chine. La Polynésie la lorgne depuis 10 ans. Résultat : tout juste un peu plus de 5000 touristes, dont l’attitude ne les rend guère populaires auprès des prestataires.
Cette dérive est pourtant grave. Le seul marché susceptible d’assurer un véritable développement du tourisme calédonien, c’est le Japon. Or, perdre le Japon, c’est tout simplement mettre un terme au développement touristique calédonien. Un bel objectif …
BONS SENS DE JM MOCELLIN POUR LA CROISIÈRE
La croisière est une industrie. L’ancien directeur du GIE omet, avec tact, de constater que la Nouvelle-Calédonie ne s’est jamais intéressée à ce secteur d’activité dont le développement est uniquement du à la volonté de la compagnie Carnival. Au bout de 15 ans de croissance de croisière, les pauvres passagers ne disposent même pas d’un terminal provisoire en grande rade pour les protéger du soleil et de la pluie …
En revanche, il a raison d’appeler à la vigilance sur les équilibres humains et environnementaux à respecter.
En partance pour la Polynésie, il a sûrement été sensible aux déclarations de Gaston Tong Sang, maire de Bora Bora, visant à interdire les méga navires de croisière pour préserver son atoll bijou …
Quant à baser un navire de petite capacité à Nouméa, Carnival est demandeur … depuis près de 10 ans. Mais à l’évidence, personne ne s’est occupé de cette problématique.
ET POUR L’AÉRIEN
Sur la desserte aérienne internationale, Jean Marc Mocellin porte un regard pragmatique. Si Aircalin n’a pas de concurrent en dehors de Qantas et d’Air New Zealand, c’est que la Calédonie n’intéresse aucune autre compagnie aérienne ! Trop peu de trafic, et beaucoup d’argent à perdre comme ce fut le cas pour Air Austral, AOM, Corsair, Micronesia Airlines. Il y a tout de même mieux à offrir pour être attractif …
La seule raison qui attirerait ces autres compagnies, ce serait une augmentation de trafic. Or, cette augmentation ne peut provenir que du développement touristique. CQFD.
Mais c’est là que les difficultés commencent …