
Dans quelques jours, les élèves, employés et professeurs vont intégrer la nouvelle année scolaire au Lycée professionnel Petro Attiti. « Petro Attiti », un nom que beaucoup connaissent. Sans plus. Pourtant, au delà du nom, il existe une histoire, exceptionnelle, qui a conduit les autorités à le « donner » à ce lycée, dont les travaux de construction ont duré de 1974 à 1976. Et dont le baptême a eu lieu en 1978. Mémoire.
En 1935, quand, le 20 juin, Kueintu Petro voit le jour à Goro, la Calédonie est encore sous le régime de l’indigénat. L’accès à l’école, au collège, au lycée, n’a, en ce temps, rien à voir avec ce qui offert aujourd’hui à tous les enfants de Calédonie. Pas de soutien scolaire, pas de bourse, ou si peu, pas d’aides pour la rentrée des classes. Pas même d’allocations familiales.
A l’âge de 5 ans, avec son frère Noël, le petit Petro est confié aux religieuses de l’institution Saint Tarcissius installée à Canala. C’est qu’en Nouvelle-Calédonie, l’enseignement catholique, donc privé, n’est pas un enseignement de privilégiés. C’est même le contraire. Les écoles confessionnelles de tribu dispensent le savoir aux jeunes enfants alors même que l’école publique n’y a pas encore pénétré.
Pas de téléphone portable, pas de transport scolaire. Les enfants rentraient en pirogue de Canala avec leurs parents une fois l’an à Goro.
C’est au séminaire Saint Léon qu’ils termineront l’école primaire.
Après cette enfance ballotée, comme la plupart des enfants de tribu, Petro poursuit ses études au Collège du Sacré Coeur à Nouméa, puis obtient son baccalauréat en 1960 au Lycée la Pérouse.
Entretemps, la Nouvelle-Calédonie a créé un système de bourses pour suivre des études supérieures en Métropole. Petro accède à ce soutien financier et poursuit avec succès des études de droit à Assas. Il obtient son diplôme de droit en 1963.
Aidé financièrement par sa famille pendant ses études, Petro veut travailler pour assurer le financement de son retour au Caillou. C’est un excellent plongeur. Il est engagé comme moniteur au Club Med et s’en va au Maroc. C’est le 1er août 1963 que le drame se produit : au cours de sa première plongée, il est victime d’un malaise. Il est alors âgé de 28 ans.
En Calédonie et dans le milieu des étudiants calédoniens, l’émotion est considérable. Petro, président de l’association de Paris, consacrait une partie de son temps à aider ses compatriotes à s’installer. Son corps sera rapatrié par le paquebot « Mélanésien ». Il sera inhumé à Goro. Le lycée qui porte son nom perpétue l’exemple d’une réussite, fruit à la fois d’une volonté personnelle et d’une ambition familiale.
Cet exemple devrait en inspirer plus d’un …