Depuis bien longtemps, tout le monde sait que le diabète est un fléau en Nouvelle-Calédonie. Des études ont été conduites depuis une trentaine d’années, des plans d’action -encore eux !- ont été décrits, des estimations de coût ont été publiées. Depuis belle lurette, ont sait tout ou presque du diabète sur le territoire. Mais hormis quelques semaines de mobilisation chaque année, dont celle liée à la Journée Mondiale du diabète, et malgré le travail incessant de quelques associations dévouées à cette cause, le travail de prévention nécessaire, une prévention massive, continue, dont la performance serait évaluée chaque année, cette prévention est toujours dans les limbes …
PRÉVALENCE TROIS FOIS SUPÉRIEURE À LA MÉTROPOLE : C’ÉTAIT EN 1992 !
Dans une étude conduite par l’Inserm en 1992 auprès d’un échantillon représentatif de la population, il apparaissait qu’en Nouvelle-Calédonie, la prévalence était trois fois supérieure à la métropole à la même époque !
A cette date, le nombre de diabétiques en Nouvelle-Calédonie était estimé à un chiffre situé entre 15 000 et 20 000, dont la moitié était supposée ignorer leur état.
D’ailleurs, devant l’ampleur du phénomène et la nécessité d’enrayer la maladie, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie l’avait inscrit comme un des thèmes prioritaires de santé publique. C’est dire …
PANORAMA DU DIABÈTE EN NOUVELLE-CALÉDONIE : UN NOUVEAU MESSAGE D’ALERTE EN 2012
Dans une communication à nouveau révélatrice, le docteur Mégraoua, de l’Agence Sanitaire et Sociale, présentait un inventaire des causes, de l’étendue et du coût de la maladie en 2012.
En résumé, le diabète affectait alors 15 000 Calédoniens. 30 à 50% des diabétiques étaient méconnus. La moitié des hémodyalisés étaient des diabétiques. 2 à 3 amputations dues au diabète étaient réalisées … chaque semaine.
Près de 6 milliards de dépenses annuelles étaient liées au diabète.
“Le programme diabète est en pleine réécriture” était-il indiqué.
Conclusion : “le diabète est plus que jamais un problème majeur en Nouvelle-Calédonie”. C’était en 2012 !
Depuis, des associations et le docteur Mégraoua continuent courageusement de prêcher …
ET DEPUIS …
En 2019, ce sont 20 000 Calédoniens qui seraient porteurs de la maladie, dont 6 000 qui l’ignoreraient.
La Cafat en prend 14 000 malades. Et cela coûte 7 milliards !
En 30 ans, la prévention, massive, tout au long de l’année, dans les administrations, dans les entreprises, dans les établissements scolaires, s’est-elle développée comme il convenait ? Non.
La prévention intensive à l’école ?
De plus en plus d’enfants, d’adolescents, se gavent de boissons sucrées, et d’une multitude de produits dont ils ignorent la dangerosité pour leur santé. Sont-ils éduqués au phénomène ?
La prévention auprès du grand public ?
Quelques spots télé et radio en cours d’année. Il est loin le temps où l’antique “service de l’éducation de base”, où les “vigiles de santé” tentaient de porter, tout au long de l’année, les messages de santé à la population.
La prévention en matière de santé ?
Une exception, peut être, celle relative au cancer du sein. Mais pour le reste, quelle prévention sérieuse contre la consommation d’alcool, la consommation de tabac, les addictions, les conduites à risque sur la route, la sexualité à risque ?
Les dépenses de la Cafat, elles, ne cessent d’augmenter. Faut-il créer des recettes nouvelles, des impôts, des taxes, des augmentations de cotisations sociales, ou développer enfin une vraie stratégie de prévention ?