Alors que le développement touristique ne répond à aucun critère qualitatif, se bornant aux nouveaux objectifs de “200 000 touristes en 2025” après celui de “230 000 touristes en 2016”, c’est à présent le marché chinois qui semble devenir un objectif. Or, avant de fantasmer sur un marché difficile et nouveau, il serait plus pertinent d’optimiser les marchés de proximité, Australie, Nouvelle-Zélande et Japon, négligés depuis 15 ans et pourtant mieux connus. En second lieu, toutes les études concluent à la nécessité, pour la Nouvelle-Calédonie, de privilégier un tourisme qualitatif. Le marché japonais, par exemple, en est un. Pas le marché de clientèle chinoise, plutôt bas de gamme.
DES PRESTATAIRES RÉTICENTS
L’expérience des charters en provenance de Chine a laissé quelques traces, dont se gardent bien de commenter les responsables du tourisme. Pourtant, parmi les prestataires ayant eu les groupes en charge, certains sont catégoriques. “Il vaut mieux éviter cette clientèle“.
Parmi les griefs évoqués, le fait que certains touristes crachent par terre, et que d’autres sont bruyants ou peu respectueux de l’environnement. Bien entendu, il serait insultant de généraliser ces attitudes. La Chine est est pays raffiné, où les citoyens bien éduqués sont proportionnellement aussi nombreux que dans n’importe quel pays. Mais tel est le niveau de clientèle que la Calédonie, sans image touristique en Chine et avec un produit inférieur à la concurrence, est contrainte de drainer à grands renforts de prix à la casse.
MIEUX VAUT 150 000 TOURISTES “ÉDUQUÉS” QUI DÉPENSENT QUE 300 000 QUI POLLUENT
Pour une destination comme la Nouvelle-Calédonie, aux richesses naturelles exceptionnelles, aux écosystèmes culturels fragiles, le tourisme ne peut que s’orienter vers des clientèles plutôt éduquées et disposant d’un bon revenu moyen. Las, l’absence de développement hôtelier et de produits adaptés, et même de développement touristique tout court, a généré une course aux statistiques accompagnée de baisse des prix “pour faire du chiffre”.
Résultat : la tendance va à l’inverse de ce qui est souhaitable par la destination, dont les prix comme la fragilité devraient réfuter tout ce qui s’apparente à du tourisme de masse. Certes, les chiffres sont … à mille lieues de ce qui pourrait constituer un tourisme de masse. Mais la technique marketing et les prix y correspondent !
IL SERAIT TEMPS DE REVENIR À DES FONDAMENTAUX DU TOURISME
Brouillon, et sans résultats, le développement touristique calédonien passe depuis 15 ans à côté de ce qui est sa chance : une destination exceptionnelle à de multiples points de vue, et des marchés propres à satisfaire ses ambitions économique.
Destination exceptionnelle, elle l’est par son environnement naturel et culturel hors du commun : le plus grand lagon du monde, l’endémie végétale la plus forte du Pacifique Sud, la culture kanak et le seul îlot … exotiquement français dans cette région du Pacifique.
Ses marchés : l’Australie, dont près de deux millions de citoyens amoureux de la France se rendent chaque année à Paris, les “Néo”, si proches d’une nature authentique et dont 50 000 citoyens parlent français, le Japon aux 130 millions d’habitants -2 fois la France- où l’image de la Calédonie est présente depuis 40 ans, et enfin, la métropole, réservoir naturel.
De quoi, en théorie, remplir rapidement les quelques hôtels existants, ainsi que les 4 ou 5 grands établissements qu’il faudrait construire dans les 10 ans !
QUALITATIF : L’ENJEU
La métropole, avec près de 90 millions de touristes (!) se pose la question de la maîtrise du tourisme de masse. La Calédonie n’en est pas là.
Pourtant, en matière de développement, de retombées économiques, de préservation des milieux, la question est pour elle tout autant fondamentale : quelle qualité de touristes devons-nous cibler, et quelle doit être notre stratégie en conséquence ?
Une question oubliée depuis une décennie et demi …
R.G.