
Avec sa modestie permanente, Roger Kaddour s’en défendrait ; pourtant, le sport calédonien et ses sportifs lui doivent tant ! Fondateur avec d’autres des Jeux du Pacifique Sud, après Numa Daly et Pierre Issamatro, Roger Kaddour a déplacé des montagnes pour obtenir l’organisation des Jeux de 1966. Il a du en bouger d’autres pour faire construire des infrastructures qu’on lui doit aujourd’hui. Depuis, sans discontinuer, son action, sa présence sont associées aux Jeux renommés « du Pacifique » en 2005. Pionnier visionnaire.
66 000 HABITANTS
La Nouvelle-Calédonie d’alors est quelque peu différente de celle d’aujourd’hui ! En 1961, elle compte 81 200 habitants, 5 969 voitures de tourisme appartenant à des particuliers, 700 véhicules dans les collectivités, et un manoeuvre, dans la métallurgie, gagne 14 000 FCFP par mois. Le Conseil de gouvernement est dirigé par Michel Kauma.
En brousse, on produit, en ce temps, plus de 1 000 tonnes d’un excellent café !
Le budget du territoire, modeste, est essentiellement alimenté par des taxes indirectes et des recettes douanières. Une part importante des financements provient directement de l’Etat.
IL PARVIENT À CONVAINCRE L’ETAT
Accompagné de Numa Daly et de Marcel Anglès, Roger Kaddour et ses compagnons emportent la décision du comité organisateur des Jeux : après Fidji en 1961, ce sera Nouméa en 1966.
Homme d’affaires entreprenant, Roger Kaddour prend le taureau par les cornes. Il convainc l’Etat et les autorités calédoniennes de doter Nouméa d’infrastructures sportives dignes de ce nom : un stade de foot et d’athlétisme, un vélodrome, une salle omnisports et une piscine olympique. Démesuré, pour l’époque et pour certains !
A Paris, aidé de Jacques Vendroux et de Maurice Herzog, le célèbre alpiniste vainqueur de l’Annapurna et Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, il emportera la décision avec une confirmation de Georges Pompidou, devenu Premier ministre.
LES « CORBEAUX » CRITIQUENT SON AMBITION POUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE !
Immédiatement, localement, de nombreux « corbeaux » le critiquent. On l’accuse de folie des grandeurs, de gaspilleurs de fonds publics. On le surnomme « Monsieur 250 millions », montant des investissements qu’il fera conduire. Ce sera d’ailleurs la même critique des « corbeaux » 35 ans plus tard, pour les Jeux de 2011 avec la résidence des athlètes destinée ensuite aux étudiants, ou encore la piscine olympique de Dumbéa !
UN VISIONNAIRE
Mais des critiques, Roger Kaddour n’en a cure. Seul lui importe l’intérêt du sport, et le défi, pour la Calédonie, d’organiser les Jeux en 1966.
Grâce à l’Etat, les équipements sont réalisés. Fort heureusement. Et 43 ans après, ils servent encore le sport et ses athlètes. Et avec le recul, les 250 millions, somme importante à l’époque, paraissent dérisoires.

Roger Kaddour, lui, savait qu’un tel investissement s’amortit sur plusieurs générations.

UN PATRIARCHE
Dans le monde des Jeux, Roger Kaddour est infiniment respecté, et sa parole pèse. A travers lui, ce sont la Nouvelle-Calédonie et la France qui rayonnent. Pour les sportifs, il fait figure de patriarche.
A Samoa, le Conseil des Jeux lui a rendu hommage en le nommant « membre à vie » du Conseil des Jeux.
Il faut souligner que le CTOS n’avait pas attendu : depuis plusieurs années, le monde sportif calédonien l’a honoré en donnant à sa « Maison » le nom de Roger Kaddour. Monsieur Kaddour.