C’est Calédonie Ensemble qui l’annonce sur son site Facebook : « Dès lors, et même si nous avons été exclus de toutes responsabilités à la province sud et au congrès, nous avons décidé de prendre nos responsabilités afin de permettre au gouvernement d’entrer en fonction. Dans ce cadre, nous voterons pour le candidat non indépendantiste à la présidence du gouvernement. »
En clair, ce matin, Philippe Germain votera pour la candidature de Thierry Santa qui deviendra ainsi président du gouvernement calédonien.
MAIS PAS DE CONVERGENCE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
En aucun cas, cependant, ce vote annonce un rapprochement programmatique des deux formations politiques. « Il va sans dire que cette décision n’emporte en aucune manière une quelconque approbation du programme économique et social annoncé par l’Avenir en Confiance et l’Eveil Océanien« , annonce Calédonie Ensemble.
Cette position devra être prise en compte dans la répartition des secteurs. Il n’y aura en effet, et a priori, pas de convergence sur les différents point de fractures entre l’Avenir en Confiance et Calédonie Ensemble.
Il s’agit notamment de la philosophie économique, avec la TGC à 5 taux, le contrôle des prix et des marges, le rôle de la concurrence préconisé par l’Autorité de la Concurrence, le système de protection des productions locales ou encore le régime d’importation.
En revanche, un accord semble possible sur les mesures à prendre pour le redressement des comptes sociaux avec comme fil directeur le rapport des experts de l’Inspection Générale des Affaires Sociales, l’Igas.
RÉSERVES SUR L’ÉLECTION DU VICE-PRÉSIDENT
Restera ensuite l’élection du Vice-président du gouvernement. « Notre décision de participer à l’élection du président du gouvernement n’emporte pas non plus de positionnement de Calédonie Ensemble sur l’élection du vice-président du gouvernement sur laquelle nous nous abstiendrons tant que les formations indépendantistes n’auront pas trouvé de consensus« , écrit Calédonie Ensemble.
Les indépendantistes présenteront-ils une candidature unique ? Ce ne fut pas le cas par le passé. Et l’élection du gouvernement s’est déroulée avec deux listes indépendantistes séparées.
En tout cas, la jurisprudence a déjà établi que le gouvernement pouvait entrer en fonction dès que le président était élu, et en dépit de l’absence éventuelle de désignation du Vice-président, traditionnellement indépendantiste.
DEUXIÈME ÉTAPE POUR QUE LE GOUVERNEMENT FONCTIONNE : L’ATTRIBUTION DES SECTEURS
A l’exception du président, les membres du gouvernement calédonien n’ont pas de pouvoir individuel. Ils sont chargés « d’animer et de contrôler des secteurs relevant de la compétence du gouvernement ».
Ainsi, les actes du gouvernement, pour être effectifs, doivent comporter la signature du président et le contreseing du membre du gouvernement en charge du secteur.
Cela signifie évidemment que le gouvernement ne peut fonctionner en plein exercice que si les secteurs ont été attribués à ses membres. Il s’agira donc de la prochaine étape.
UNE ÉTAPE DÉLICATE
L’arme d’un membre du gouvernement est donc son contreseing. En l’absence de cette signature, l’acte ne peut être exécutoire. En clair, il est nécessaire qu’un consensus ait émergé pour la répartition des secteurs pour un fonctionnement harmonieux.
La décision de Thierry Santa de n’être en charge d’aucun secteur -à l’exception de ceux relevant de sa compétence propre-, va augmenter le nombre de secteurs à assumer pour les 10 membres du gouvernement restants. Certains d’entre eux représentent des clés pour le changement défendu par le groupe Avenir en Confiance-Éveil Océanien. Il s’agit notamment de l’économie, de la fiscalité, de l’enseignement, de la santé, de la mine ou encore du commerce.
Thierry Santa s’est engagé à restaurer un esprit de collégialité au gouvernement qu’il devrait présider. Son tempérament le porte naturellement à cette tâche essentielle. Et cette étape devrait commencer dès aujourd’hui.