Depuis l’attaque mortelle de requin à Poé, une vigilance accrue appuyée par des moyens qui n’existaient pas au siècle dernier, a permis de détecter la présence de requins en plusieurs endroits de Calédonie. Mais la question qui se pose est celle de l’augmentation de cette présence ou pas. Avec une seconde interrogation : les squales sont-ils devenus plus agressifs. Début de psychose.
POURQUOI ?
Le drame affreux survenu à la marina de Port du Sud, auquel s’est ajouté, quelques jours plus tard, celui du récif Cook, à l’est des iles Belep, a choqué l’opinion publique autant que les autorités. La crainte des requins est d’autant plus prégnante que le danger est supposé, alors même qu’il n’est pas visible.
L’observation de la présence d’un requin à la baie des Citrons et dans la rivière Dumbéa ont évidemment provoqué, lundi, l’interdiction immédiate de baignade en ces lieux. Et alimenté, probablement à juste raison, la crainte des requins.
Ces constats, autant que les attaques successives, suggèrent plusieurs lancinantes questions. Les requins sont-ils plus nombreux dans nos eaux et surtout, dans nos baies et nos rivières ? Quelles seraient les causes de ce phénomène ?
ON PÊCHAIT LE REQUIN EN GRANDE RADE
C’est une lapalissade que d’affirmer que les requins ont toujours été présents dans les eaux du lagon. Après tout, la mer est leur élément naturel. Les Nouméens se souviennent des requins pêchés dans les rades, et montrés comme des trophées ; une pêche désormais interdite. Pourtant, tout laisse à penser qu’ils sont de plus en plus nombreux. Même dans les marinas !
PLUS NOMBREUX
Lors de la capture du requin bouledogue après le récent drame de Nouméa, des témoins de l’événement ont pu observer la présence d’un requin tigre, attiré par le sang. A l’évidence, les squales sont plus nombreux à roder. Pour quelles raisons ?
Selon certains connaisseurs, les drames de Nouméa et du récif Cook ont des causes différentes. La présence de squales dans le nord du territoire est naturelle. En revanche, celle, accrue, dans les baies de Nouméa serait une conséquence du développement urbain de la ville.
LES CAUSES D’UN “SÉDENTARISATION” : NOURRISSAGE ET MOUILLAGES SAUVAGES
A plusieurs reprises, déjà, la “sédentarisation” des requins a fait l’objet d’informations. La première d’entre elle concerne le “nourrissage” des requins.
Il s’agit d’abord du rejet, à l’eau, des restes de poissons qui peuvent être “vidés” régulièrement dans certains lieux, et même dans des marinas. S’ajoute à cela le rejet à la mer d’aliments susceptibles d’intéresser les squales. Ce nourrissage presque régulier, au retour d’une sortie ou d’une partie de pêche provoque des habitudes opportunistes de “visite” des requins.
Il s’agit ensuite du nombre de plus en plus important de bateaux, habités et en mouillage sauvage, notamment à la baie de l’Orphelinat. Depuis quelques mois, quelques bateaux ont même élu domicile … à la baie des Citrons.
Ces deux évolutions, liées à l’augmentation de la population, seraient les causes de la “sédentarisation” des requins à Nouméa.
PAS D’OBLIGATION DE RÉCUPÉRATION DES EAUX GRISES
Les autorités responsables n’ont toujours pas imposé à ces bateaux ce qui est courant dans tous les ports organisés du monde : l’obligation de stockage à bord des eaux grises. Cette contrainte empêche des rejets à l’eau, et améliore, ce qui est hautement souhaitable, les conditions d’hygiène des dites baies.
Cette mesure devrait être accompagnée d’une forte recommandation de ne rien jeter à l’eau, et notamment, ce qui pourrait constituer une nourriture pour les requins.
ADOPTER DES MESURES DE FOND
Au delà des simples interdictions de baignade, mesures de formes, il serait donc urgent d’adopter des mesures de fond.
Celles liées, d’une part, aux bateaux en situation de mouillage sauvage, et probablement par la construction rapide de nouvelles marinas, et d’autre part, celles liées au comportement des plaisanciers pêcheurs.
Restera ensuite à se pencher sur la situation des squales sédentaires.