Sur fond de querelles politiques remontant à une quinzaine d’années, le projet d’un Hyper U à l’Anse Uaré, puis d’un second à Paîta avait commencé par un coup bas dont la victime avait été, à cette époque, le magasin Michel Ange, alors exploité sous l’enseigne Super U. Après plusieurs péripéties, le projet a été revendu au groupe Ballande. Ce dernier, dont la bonne foi n’est pas mise en cause, se retrouve aujourd’hui le « bec dans l’eau ». Les autorisations délivrées par le gouvernement avec la participation de Philippe Germain, Président du gouvernement et ancien actionnaire du projet, ont été jugées entachées de ce que la Cour Administrative d’Appel a qualifié de « méconnaissance du principe d’impartialité ». Et annulées. Rififi politico-judiciaire.
Pour faire simple, disons que le projet avait été bâti, en 2008 et 2009, par un groupe d’actionnaires parmi lesquels l’actuel président du gouvernement. Ce dernier, à l’issue de sa nomination dans l’Exécutif local, avait cédé ses parts, ce que ne conteste pas la juridiction. Qui précise qu’il « ne ressort pas des pièces du dossier qu’il aurait continué à détenir des parts sociales dans cette entreprises, en dépit d’indications contraires sur Internet« .
Ce que reproche la Justice à Philippe Germain est donc sa participation à la délibération du gouvernement portant sur une prise de décision individuelle, l’autorisation d’ouverture, « dont l’obtention conditionne le rachat d’une société détenue par ses deux anciens associés« . C’est ce contexte qui motive la décision d’annulation.
Selon le quotidien Les Nouvelles Calédoniennes, le président du gouvernement aurait fait part de son « incompréhension » et aurait qualifié l’argument de la Cour « d’insipide« .
Nul doute que les parties intéressées vont se pourvoir devant la juridiction supérieure. De son côté, l’Autorité de la Concurrence ne devrait pas trouver à redire à l’arrivée d’un nouveau concurrent dans la distribution sur le marché calédonien.
Mais une nouvelle fois, le mélange des genres alimente la chronique politico-judiciaire calédonienne. Des pratiques dont il est impératif qu’elles évoluent vers une transparence totale.