FINANCES PUBLIQUES : DES CLIGNOTANTS ROUGES AUSSI POUR LA PROVINCE NORD

Finalement, seule la province des Iles -celle dont la contribution fiscale au « pot commun » calédonien est la plus faible-, n’a pas d’alerte sérieuse sur ses perspectives budgétaires, bien que ses ressources aient, elles aussi, diminué. En province Sud, c’est l’actualité depuis plusieurs années. Cette fois, c’est la province Nord qui s’enfonce doucement dans les difficultés à venir.

DES DÉPENSES SUPÉRIEURES AUX RECETTES
C’est en 2017 que les premiers déséquilibres sont devenus apparents, en province Nord. Sur un total de 50 milliards, 33 milliards avaient été consacrés au fonctionnement, et 17, aux investissements. Une charge de fonctionnement déjà excessive. Les ratios dits « d’alerte », <équilibre financier, surendettement, rigidité structurelle, risque financier> se sont dégradés, notamment du fait d’une augmentation de l’encours de la dette (qui est passée de 7,2 milliards à 10,8 milliards), alors que les recettes stagnaient.

DEPUIS 2013
D’ailleurs, le « compte de résultat » affichait une dépense de fonctionnement de près de 29 milliards, contre des recettes 27,5 milliards. L’équilibre avait donc été réalisé en ponctionnant les résultats antérieurs qui ont donc diminué d’autant. Dans le document d’orientation budgétaire 2019, il était noté :  » La mise en évidence dans la section d’investissement de l’insuffisance des ressources pour couvrir les dépenses a de fait entraîné une forte mise à contribution du fonds de roulement, entre 2013 et 2017. »

DIFFICULTÉS À ÉQUILIBRER LE BUDGET
Lors du débat d’orientation budgétaire 2019, Caroline Machoro, conseillère de province UC, n’avait pas caché son inquiétude : « Le constat est alarmiste« , « Quant j’entends ce que je viens d’entendre, j’ai peur« .

La réalité, c’est que la province Nord a du mal à équilibrer son budget. Une piste a été soulevée : la restitution de compétences exercées par la province au territoire. Pour une économie chiffrée à 11 milliards.

Mais les choses ne sont pas si simples. Lors de l’installation des provinces, les compétences exercées ont été accompagnées d’un transfert de moyens. Si ces compétences sont restituées à la Nouvelle-Calédonie, il faudra également … restituer les moyens.

1 MILLIARDS EN PROVENANCE … DE L’AUGMENTATION DES ALCOOLS
Dans l’intervalle, c’est l’Agence Sanitaire et Sociale qui a alimenté les provinces, dont la province Nord, à hauteur d’un milliard de francs. Provenant de l’augmentation de la taxe sur les alcools. On est, à l’évidence, bien loin de la prévention des abus d’alcool dont devrait se charger l’Agence Sanitaire, devenant boîte aux lettres pour subventions aux collectivités !

RÉÉQUILIBRAGE COMPRENANT … DES ACHATS D’AFFAIRES EN PROVINCE SUD
L’analyse des comptes de Nord Avenir, filiale financière de la province, laisse apparaître d’autres situations étonnantes. On sait que la principale source de recettes de la province vient du « rééquilibrage », part de recettes fiscales importante (50%) dont se prive la province Sud pour rééquilibrer le Nord et les Iles.

Une partie de ces dotations de « rééquilibrage » a servi à … acquérir des affaires à caractère commercial en province Sud. Les plus emblématiques sont les hôtels du Surf et Beaurivage, ainsi qu’un vaste terrain de 2 hectares à l’Anse Vata. Mais on trouve dans cette escarcelle bien d’autres commerces dont certains ont été revendus comme cette chaîne « gourmande » de boulangerie-pâtisserie.

DES IMPOTS PAYÉS MAJORITAIREMENT PAR LES CONTRIBUABLES DU SUD
Pour autant, ces actifs ne sont pas vendus. Le président de l’UC en qualifiait certains, dans une déclaration récente sur la proposition de vente du Surf, « d’acquis de lutte ». Bien vu pour les contribuables du sud qui viennent d’acquitter le premier tiers provisionnel d’un IRPP en forte hausse sur la tranche moyenne de revenus !

Pour l’avenir des finances de la province Nord, faut-il, comme l’élue de l’Union Calédonienne, « avoir peur » ?