Cela fait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas revus, anciens du RPCR, séparés en 2004 avec la naissance de l’Avenir Ensemble, puis au gré des scissions diverses, de pactes et autres plates-formes. Pourtant, tous arboraient un grand sourire, samedi matin, à l’hippodrome de l’Anse Vata, pour célébrer le premier meeting de la « famille retrouvée ». Un regroupement de la famille loyalistes attendu par nombre d’électeurs, effrayés par le résultat -pourtant positif pour eux-, du referendum, et la situation économique et sociale catastrophique du territoire. Campagne.
NOUVEAU CLIVAGE DE LA VIE POLITIQUE CALÉDONIENNE
« L’union des loyalistes » a mis en relief un nouveau clivage dans la vie politique calédonienne. Il y a désormais les « loyalistes », les « nationalistes » et les indépendantistes.
Les indépendantistes ont une position claire : ils veulent l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, -ce qui passe par son accession à la souveraineté pleine et entière-, et verraient d’un bon œil, ensuite, un « partenariat » avec la France. Un terme qui a émergé du rapport des experts mandatés par le gouvernement français sur l’après Accord de Nouméa, et qui est une appellation plus « sexy » de l’indépendance association.
C’est Calédonie Ensemble qui revendique un « nationalisme calédonien » tout en niant être indépendantiste. Le parti de Philippe Gomes tente de faire valoir l’existence d’un « peuple calédonien, doté de « valeurs communes », d’une langue commune, le français, et d’une géographie précise. Le tout pour constituer un « nation ». Petite dans la grande, pour reprendre les termes du leader nationaliste. Difficulté pour cette stratégie : les indépendantistes, après y avoir travaillé, ont rejeté la fameuse « Charte des valeurs calédoniennes ».
Les « vrais loyalistes », tels qu’ils se définissent eux-mêmes, sont désormais le regroupement de 3 partis au sein d’une entité « Avenir en Confiance », tous issus du RPCR comme Calédonie Ensemble, mais farouchement opposés à toute idée de nationalisme, et a fortiori, bien sûr, d’indépendance.
Pour ces « vrais loyalistes », deux objectifs : remporter les élections provinciales de mai 2019, et renforcer le score des partisans de la France au second referendum.
UNE COLLUSION AVENIR ENSEMBLE-INDÉPENDANTISTES
La thèse d’Avenir en Confiance est simple : le nationalisme, c’est la revendication déguisée de l’indépendance association et à preuve : la collusion qui existe depuis 5 ans entre Calédonie Ensemble et les indépendantistes. Celle-ci s’est effectivement traduite à de multiples reprises : l’élection de Philippe Germain à la présidence du gouvernement, et surtout une majorité au gouvernement et au Congrès qui s’est manifestée sur tous les textes sensibles touchant à l’économie, à la fiscalité, et au secteur social et de la santé.
MAJORITÉ AU GOUVERNEMENT ET AU CONGRÈS
Dernières manifestations de cette « collusion » pour « Avenir en Confiance » : l’instauration de la TGC à marche forcée, l’adoption du plan Do Kamo qui va limiter les remboursements de santé en métropole pour les Calédoniens, le manque de soutien à la SLN ou encore la volonté de mettre fin au régime CRE-Ircafex et de rapatrier les fonds en Nouvelle-Calédonie. Des textes effectivement adoptés par une majorité Calédonie Ensemble-Indépendantistes, et dont certains signent un repli de la Calédonie sur elle-même. La thèse générale des nationalistes.
LA FIERTÉ D’ÊTRE FRANÇAIS
Les discours du meeting de samedi ont, en tout cas, clairement donné le ton. Les différents orateurs ont dénoncé le bilan « catastrophique » de la coalition Calédonie Ensemble-Indépendantistes, annoncé des mesures de redressement en cas de victoire à la prochaine échéance, et affirmé « la fierté d’être Français » avec la ferme volonté de gagner encore plus franchement le second referendum.
Mieux, a indiqué Sonia Backes, c’est Avenir en Confiance qui réclamera l’organisation du second scrutin d’autodétermination dès la formation du nouveau Congrès.
CALÉDONIE ENSEMBLE DÉFEND SON BILAN
Du côté de Calédonie Ensemble, les arguments sont évidemment inverses. Pas d’indépendance, et surtout, un bilan estimé flatteur, avec notamment la construction du Médipôle, les minimum sociaux ou encore la construction du Sheraton Deva. Mais paradoxalement, le parti se retrouve dans la position de Rassemblement en 2009, au moment où Philippe Gomes accusait l’ex-parti de Jacques Lafleur de … collusion avec les indépendantistes.
UN PAYS À BOUT DE SOUFFLE
Quant au bilan économique et social, convaincre sera difficile, tant la situation est catastrophique : complications de la TGC, Ruamm en faillite, commerce en berne, vie chère, économie à bout de souffle. Même le Sheraton Deva, tellement vanté, accumule des pertes abyssales, boudé par les touristes qui de surcroît, se détournent peu à peu de la destination.
A n’en pas douter, la campagne électorale sera rude. Son résultat sera déterminant pour l’avenir économique, social et politique du territoire. Un « Avenir en Confiance », ont annoncé Sonia Backès, Thierry Santa et Gil Brial, drapés dans la volonté de changement et dans le drapeau bleu-blanc-rouge.
La Nouvelle-Calédonie est incontestablement sur une mauvaise pente. La méthode de gouvernance, les décisions prises, l’ont conduite à l’impasse actuelle dans laquelle elle se trouve. De tels échecs ont toujours généré une envie de changement.
Un changement le 12 mai ?