Depuis plusieurs mois, les dirigeants de la SLN ne cessent d’indiquer que la situation de la société est gravissime. Depuis plusieurs années, et après que le cours du nickel se soit effondré par rapport aux sommets atteints en 2006-2007, l’entreprise tente de sortir de sa situation de déficit en retrouvant un coût opérationnel rétablissant au moins l’équilibre de son exploitation. Dans ce domaine, les performances meilleures de ses concurrents la mettent peu à peu hors compétition. L’approvisionnement incertain de Doniambo, la mise en veilleuse de ses fours, la dégradation accélérée de sa trésorerie rendent crédibles un dépôt de bilan. Eclairages.
UNE DÉGRADATION CONTINUE
Le dépôt de bilan est d’abord une obligation des dirigeants dans un délai précisé par la loi lorsque l’entreprise n’est plus en mesure de faire face à son passif exigible au regard de son actif disponible. Cette appréciation peut également résulter d’une analyse prospective par rapport à sa situation et son historique et conduire à une décision de sauvegarde.
La SLN, aujourd’hui, acquitte ses charges, et notamment ses charges salariales, grâce à la combinaison de deux prêts consentis il y a deux ans. Cet apport de trésorerie est censé accompagner le redressement de l’entreprise et le retour aux profits. Or, sa trésorerie ne cesse de se dégrader et pourrait se tarir cette année.
L’Union Calédonienne vient de se prononcer sur cette situation : Eramet est libre de s’en aller, la Nouvelle-Calédonie doit obtenir 76% du capital de la SLN, et les mines de la société doivent revenir aux provinces ! Lire notre article.
VERS UNE RISQUE DE CESSATION DE PAIEMENT
Aujourd’hui, le retour à la compétitivité est un échec. Pire, la situation s’est dramatiquement aggravée avec les exactions à répétition de Kouaoua, la suppression de l’autorisation d’exploiter des gisements nouveaux dans cette région, et récemment, le blocage de l’approvisionnement de l’usine de traitement par l’USTKE et la CSTNC.
La société perd chaque mois des sommes colossales, sans perspective sérieuse de retour à l’équilibre. Sa trésorerie fond comme neige au soleil.
Si la dégradation perdure, comment éviter de se retrouver brutalement dans l’incapacité de payer près de 2000 salariés, ses fournisseurs, ses charges de maintenance minimale de l’outil de production sans le déclenchement d’une procédure pouvant constituer l’ultime sauvegarde ?
RISQUE DE FERMETURE OU ESPOIR DE POURSUITE ?
Hypothèse la plus optimiste : les voyants se mettent au vert dans les 6 mois qui viennent, avec des signes positifs forts rapidement, et la SLN poursuit ses opérations.
Hypothèse pessimiste : le dépôt de bilan. Dans ce cas, et d’une manière générale, il reste aux entreprises deux possibilités : la procédure de redressement ou la liquidation judiciaire.
On entre alors dans le champ des plus vastes hypothèses …
Le redressement ouvrirait la voie d’un retour à marche forcée vers l’équilibre financier. Il placerait l’entreprise en situation de protection vis à vis de ses créanciers, et soumettrait clairement le personnel à l’obligation d’efforts … pour sauver leur emploi ou le perdre.
En cas de liquidation judiciaire, la dissolution de la société serait prononcée. L’objectif serait alors de vendre les actifs de payer les dettes.
QUI SERAIT L’ÉVENTUEL REPRENEUR ? …
Lors d’une liquidation, des offres de reprises peuvent être formulées. Dans le cas évoqué, il pourrait alors être envisagé la cession globale ou partielle de l’entreprise.
La reprise devrait alors assurer le maintien d’activités susceptibles d’exploitation autonome, tout ou partie des emplois qui y sont attachés ainsi que l’apurement du passif.
En tout cas, la procédure prévoit que le plan de cession est arrêté par le tribunal. L’offre retenue est celle qui permet dans les meilleures conditions d’assurer le plus durablement l’emploi attaché à l’ensemble cédé ainsi que le paiement des créanciers tout en présentant les meilleures garanties d’exécution.
Des hypothèses cauchemardesques ! Mais la Calédonie vit dans une espèce de rêve depuis des années, sans anticipation de ses dégradations économiques, sociales, et même sociétales.
Il n’y a pas pire réveil que celui on l’on constate que le cauchemar, c’est la vraie vie.