Le 12 mai prochain, les électeurs calédoniens de la liste dite “spéciale” vont élire leurs nouveaux conseillers de province. Une partie de ces élus constitueront par ailleurs le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, mais nous reviendrons ultérieurement sur cet aspect des choses. Si les assemblées de province conservent les équilibres actuels, pas de changement. Dans le cas contraire, les “provinciaux” auront un nouveau -ou une nouvelle- Président (e). Hypothèses.
En province Sud, un changement de majorité est certain. En effet, l’Exécutif actuel repose sur une coalition, datant du “Pacte de gouvernance solidaire”. Le dit pacte avait conduit Philippe Michel -et Calédonie Ensemble- à la présidence de la province, Cynthia Ligeard -et le FPU- à la présidence du gouvernement, et Gael Yanno -et l’UCF-, à la présidence du Congrès. Ce pacte est obsolète.
LES PÉRIPÉTIES D’UNE MAJORITÉ
À LA PROVINCE SUD
Depuis, en effet, tout a été chamboulé. Le FPU a explosé, l’UCF a éclaté, le MPC s’est recomposé. Cynthia Ligeard a été “éjectée” de la présidence du gouvernement par une majorité Calédonie Ensemble-Indépendantistes.
La “plate-forme” a raccommodé quelques anciens adversaires, le temps d’une élection législative, puis s’est décomposée.
Au milieu de ce maelstrom, Philippe Michel est demeuré Président de la province Sud.
PAS DE MAJORITÉ ABSOLUE
QUI L’OBTIENDRA ?
L’assemblée de la province Sud compte 40 élus. Avec 16 sièges actuellement, Calédonie Ensemble n’y possède pas la majorité absolue. Quelle situation peut résultat du scrutin du 12 mai ?
Première hypothèse : Calédonie Ensemble progresse et passe la barre des 21 sièges. Mais la désaffection manifestée par une partie de ses électeurs aux dernières législatives, ajoutée à l’impopularité de nombreuses mesures importantes adoptées par une majorité Calédonie Ensemble-Indépendantistes rendent cette hypothèse improbable.
Pas de doute, en effet, dans l’opinion : les erreurs grossières de la majorité au gouvernement et au Congrès, l’échec de la Charte des Valeurs Calédoniennes, la situation du Ruamm, la remise en cause de la CRE, la revendication de 51% du capital de la SLN, les hoquets de la TGC, la concentration des pouvoirs ou encore les péripéties de la présidence de Nouvelle-Calédonie Energie ont terni la stature de Calédonie Ensemble.
L’accentuation du clivage loyalistes-séparatistes dans la perspective de second referendum va de surcroît de mettre en exergue la revendication nationaliste du mouvement de Philippe Gomes. Une revendication qui portera au soupçon, tout comme quelques années auparavant, les deux drapeaux pour le Rump.
La situation de l’opinion publique, la lassitude ressentie après tant d’années de pouvoir, tout cela rend crédible un recul du parti.
CHANGEMENT DE GOUVERNANCE
EN MAI ?
Deuxième hypothèse : Calédonie Ensemble recule de manière significative. Dans ce cas, une nouvelle majorité s’installe à la province Sud avec deux sous-hypothèses :
– Calédonie Ensemble et les indépendantistes possèdent suffisamment de sièges pour former, comme au gouvernement, une coalition majoritaire à la province sud. Schéma “audacieux”, mais en politique …
– Les “loyalistes” obtiennent la majorité.
Dans cette dernière hypothèse, aucun doute : l’alternance serait crédible en cas de concrétisation d’un union des “loyalistes”, conjonction des tempéraments et des compétences face à une crise politique, économique et sociale sans précédent.
Dans ce cas, à la province Sud dirigée Philippe Michel, le temps du changement pourrait survenir en mai 2019.
DEUX LISTES INDÉPENDANTISTES
EN PROVINCE NORD ?
En province Nord, la belle union des indépendantistes lors du referendum va-t-elle se poursuivre ? En jeu, la présidence de Paul Néaoutyne ou de son successeur.
L’issue des dernière élections provinciales avait été jugée sur le fil : 8876 voix pour Néaoutyne et l’Uni, contre 8272 voix à Tyuienon et l’UC. Et 9 élus chacun.
Néaoutyne avait été élu avec les voix de l’UC mais n’avait pas “renvoyé l’ascenseur” dans la composition du Bureau.
Lors d’une interview télévisée, Jean-Pierre Djaiwe, responsable de l’Uni, avait été plutôt vague sur le sujet, suggérant que deux listes ne mettraient pas en cause l’union des séparatistes …
Les hypothèses se compliquent avec un éventuel -mais peu probable- arbitrage des autres partis “non indépendantistes”.
En 2014, Calédonie Ensemble avait obtenu 2560 voix, et les “loyalistes”, 2192 voix. Liste unique, listes séparées en 2019 ?
La question se corse pour tous si on y ajoute un zeste de perversion pour imaginer des contreparties dans le sud et ailleurs …
AUX ILES LOYAUTÉ
HNEPEUNE SOLIDE
Aux Iles Loyauté, l’Union Calédonienne est solidement implantée, et le président de la province jouit d’une bonne image. On peut imaginer quelques regroupements, mais les équilibres de 2014 ne devraient pas être bousculés.