Paita vient de vivre, en quelques jours, des moments politiquement historiques pour cette commune pas comme les autres. La démission d’un maire emblématique au regard de l’Histoire de cette région, et l’avènement d’un premier magistrat municipal issu de l’immigration wallisienne et futunienne. Histoire.
UNE PAGE QUI SE TOURNE
Né en politique avec Jacques Lafleur, enfant terrible du RPCR, Harold Martin est ce qu’on appelle « un animal politique ». Descendant du fondateur de la première colonisation libre dans cette région, James Paddon, le maire sortant avait conquis sa mairie en dissidence avec le Rassemblement qui présentait, en 1995, son cousin contre lui.
Quelques années plus tard, à la tête de l’Avenir Ensemble, il allait battre son ancien mentor en remportant les élections provinciales de 2004.
Depuis, de l’eau a coulé sous le pont … de la Karikouié. Les partis politiques issus du RPCR se sont eux-mêmes divisés, puis rassemblés, puis encore divisés. Pour aboutir à la formation des Républicains Calédoniens dont font partie Harold Martin et la propre fille de Jacques Lafleur, tandis que les autres formations sont réparties entre Calédonie Ensemble, le Rassemblement et le MPC.
Harold Martin a décidé de passer le flambeau, naturellement, à son premier adjoint, lui même de la famille des Républicains Calédoniens.
PREMIER MAIRE CALÉDONIEN D’ORIGINE WALLISIENNE ET FUTUNIENNE
Willy Gatuhau, élu hier soir, sera le premier maire calédonien d’origine wallisienne. Son parcours fut une longue préparation à cette fonction, une préparation organisée par Harold Martin lui même.
Agent communal en 1995, puis responsable administratif, il fut ensuite Directeur de Cabinet du Maire, avant d’accéder à la fonction d’élu et de Premier adjoint. Depuis plusieurs mois, il était quasiment davantage « sur le pont » que le maire. « Il est l’homme de la situation« , a résumé Harold Martin lors de l’annonce de sa démission.
UN POSTE DIFFICILE
Ces années de préparation ne seront pas de trop. Au recensement de 2014, la commune de Paita comptait 4915 Européens, 4218 Wallisiens et Futuniens, 4143 Kanak et près de 7000 autres appartenant à diverses communautés ou sans rattachement particulier.
En clair, le Maire doit, en permanence, veiller au bon équilibre des décisions municipales et jouer le rôle de médiateur en cas de conflit.
Pour le reste, il est entouré d’une équipe d’expérience. Et pourra compter, le cas échéant, sur les conseils de l’ancien maire.
« FIN MAL BARRÉS » ?
L’élection, sans surprise, a tout de même révélé quelques aigreurs internes. Dans le contexte d’une campagne électorale qui démarre pour les prochaines provinciales, la recherche d’une union des « loyalistes » -c’est ainsi que se sont auto-nommés les Républicains Calédoniens, le Rassemblement et le MPC par opposition à Calédonie Ensemble qualifiée de « nationalistes »- ne semble pas être un long fleuve tranquille. Mais Paita, dont le village est traversé par la Karikouié, ne possède pas de fleuve …