Depuis plusieurs mois, la dégradation de la SLN s’est accélérée en raison du flottement du plan d’abaissement des coûts de production de l’usine. Pour augmenter la compétitivité de la société, une amélioration très sensible de la compétitivité sur mine, basée sur une augmentation du travail, avait été acceptée par une majorité de syndicats. Mais des mouvements de grève sur les sites miniers enclenchés par des syndicats refusant cette nouvelle augmentation du travail a provoqué le ralentissement de l’approvisionnement en minerai des fours de Doniambo. Ces derniers sont alimentés par les réserves sur le site de l’usine, des réserves qui tendent à l’épuisement.
Conséquence : la puissance des fours a été réduite pour prolonger la durée de traitement des stocks. En cas d’insuffisance prolongée de minerai à traiter, cette première phase devrait être suivie d’une deuxième réduction si le stock devient inférieur à 100 000 tonnes, puis de la « mise à bain nue », opération visant simplement à empêcher le refroidissement des briques, et enfin, de l’extinction d’un des deux fours.
LA FERMETURE
DU SITE DE NÉPOUI
La SLN perd plusieurs centaines de millions chaque mois, et ne doit son salut provisoire qu’à deux prêts – l’un de sa société mère Eramet, l’autre d’un emprunt garanti par l’Etat- d’un montant d’environ 65 milliards FCFP. L’épuisement de cette trésorerie s’accélère avec la chute de rentabilité de la société, à laquelle s’ajoute la déficience de productivité.
Cette situation est aggravée du fait d’un environnement très concurrentiel, formé par des producteurs qui ont été économiquement plus performants que la SLN.
Après le site de Kouaoua, ravagé par de véritables actes de guérilla et dont les pertes sont importantes, c’est le site de Népoui qui est désormais dans le collimateur. Son exploitation est en effet déficitaire en raison notamment de l’éloignement des gisements, et alors que ceux-ci ne sont pas exploités dans les meilleures conditions de compétitivité.
VERS LE DÉPÔT DE BILAN
C’est la Présidente d’Eramet qui avait évoqué cette ultime phase de la chute de la SLN. La société calédonienne demeure une société privée, et les actionnaires privés sont en droit d’exiger des décisions préservant leurs intérêts. Devant le gouffre financier que représenterait l’unité calédonienne, et l’absence de perspectives de redressement, le dépôt de bilan est une hypothèse qui serait de plus en plus crédible.
Cette catastrophe économique frapperait en plein l’ensemble du territoire. Certes, la Province sud serait la principale affectée, mais les emplois sur site en Province nord, et les employés originaires des Iles Loyauté sont très nombreux. Encore ne s’agit-il que des emplois directs. Il faut ajouter à l’impact économique les conséquences dramatiques pour les sous-traitants, et les activités induites.
Ainsi que celui sur la Cafat …
LE SILENCE
DE L’ACTIONNAIRE CALÉDONIEN
Les institutions calédoniennes sont présentes au capital de la SLN, aux côtés d’Eramet et de Nisshin Steel. Ce sont les trois provinces, au travers de la Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle (STCPI) qui possèdent 34% des actions. Quant à l’Etat, il détient une action, celle de l’Agence des Participations de l’Etat.
Dans le plan de redressement financier de la SLN, l’actionnaire calédonien avait déjà été absent, arguant du fait que la mauvaise situation de la société résultait de la gestion d’Eramet, et notamment d’une distribution conséquente de dividendes.
La STCPI avait tout de même empoché sa part de 34% de la distribution …
Depuis plusieurs mois que la situation de la SLN se dégrade à nouveau, lors des « événements » de Kouaoua, et alors que la situation tourne à la catastrophe, les représentants des Calédoniens semblent muets. A croire, soit qu’un trait a été tiré sur « la vieille dame », soit que l’information ne passe pas.
UNE SITUATION PLUS GRAVE
POUR LA CALÉDONIE QUE POUR ERAMET
L’impact économique est social le plus grave serait à inscrire au compte de la Nouvelle-Calédonie. Nul doute que les effets de la déflagration affecteraient également la situation politique locale.
Quant à l’impact sur la Cafat, il serait incalculable, dans une situation de quasi-faillite du Ruamm, et face à plusieurs milliers de pertes de cotisations, de charges nouvelles au régime chômage.
Pour Eramet, les conséquences financières seraient importantes, bien sûr. La bourse ne serait pas insensible à cet échec. Mais le producteur français trouverait facilement des approvisionnements alternatifs, quitte à investir dans le process d’adaptation du traitement d’autres ferro-nickels.
Quant aux actionnaires calédoniens, comprenant Promosud et Nordîles au sein de la STCPI, non seulement ils seraient appelés en responsabilité dans cette déconfiture, mais peut-être leur serait-il proposé de « calédoniser » la SLN en y prenant la majorité. A 51% …