COMITÉ DES SIGNATAIRES : UNE BALADE POUR RIEN

Rarement une réunion du Comité des Signataires aura été aussi creuse. Rarement, la langue de bois aura été autant nécessaire pour occuper les 4 pages du « Relevé de conclusions ». Backès avait raison, d’une part en demandant le report de ce Comité, d’autre part, en proposant que la réunion se déroule à Nouméa. Analyse d’un grand -et coûteux- voyage pour rien.

« UN GRAND MOMENT DE DIALOGUE ». De sourds.
La ministre des Outre-mer a du chercher ses phrases pour meubler une présentation à la presse de cette formidable réunion. « Un grand moment de dialogue« , a-t-elle affirmé sans rire. Le grand moment a consisté à constater les désaccords profonds des participants sur la durée de l’Accord de Nouméa et le corps électoral. Ce remarquable « moment de dialogue » s’est d’ailleurs soldé par le départ, dès l’après midi, de la délégation des représentants du groupe UC-FLNKS-Nationalistes. C’est dire.

ALLER À PARIS … POUR CONFIRMER SES DÉSACCORDS DE NOUMÉA
Quelle surprise, et de taille. Les indépendantistes réclament l’organisation du second referendum prévu dans l’Accord de Nouméa, puis du troisième au cas où l’indépendance ne serait pas acquise. Quant aux anti, ils prétendent que l’Accord de Nouméa est terminé, et contestent l’utilité d’organiser de nouveaux scrutins référendaires.

C’est ce que les uns et les autres affichent comme opinion depuis le 5 novembre ! Paris a du en être informé par pigeon voyageur, ce qui expliquerait que l’information n’ait pas franchi l’actualité des gilets jaunes et du drame de Strasbourg.

UN SCOOP QUI MÉRITAIT LE DÉPLACEMENT : « LE REFERENDUM S’EST PLUTÔT BIEN PASSÉ » !
Et ce n’est pas tout. Les partenaires « sont convenus que, sans modifier la loi organique, et dans l’hypothèse d’une seconde consultation, des améliorations réglementaires et techniques à ces dispositifs pourraient être envisagées« .

Cela valait bien une migration de 30 chapeaux à plumes dans la capitale des Lumières !

« UN PAS MAJEUR DANS LA CONSTRUCTION DU DESTIN COMMUN ». Mais qui donc avait fumé la moquette ?
Ne rien dire, c’est une chose, mais affirmer des contre-vérités est l’antichambre de l’aveuglement !

En 1988, les signataires des Accords de Matignon étaient convaincus qu’une majorité de Calédoniens partageraient une vision commune de leur avenir : dans l’indépendance pour Jean-Marie Tjibaou, dans la France pour Jacques Lafleur.

Evolution considérable d’alors : la délégation du FLNKS avait abandonné la revendication d’une indépendance purement kanak.

30 ans après, la Nouvelle-Calédonie est clivée comme jamais : une majorité écrasante en Province nord demande l’indépendance, une majorité écrasante en Province des Iles demande l’indépendance, et un majorité écrasante en Province sud veut rester dans la République !

En prime : la revendication indépendantiste et essentiellement exprimée par les Kanak. Un genre de retour de l’indépendance kanak …

Quant aux belles analyses sur le « recul » du camp indépendantiste kanak, il suffit de se souvenir qu’au début des années 80, la commune de Lifou était un fief … loyaliste.

Enfin, les « expulsés » kanak loyalistes de la période des événements, demeurent pour la plupart, dans la même situation d’exil coutumier. Le destin commun n’est même pas pour eux !

ECONOMIE : UN CHEF D’OEUVRE … DE LANGUE DE BOIS
Le pseudo-échange économique est, lui aussi, un chef-d’œuvre de la pratique de la langue de bois. Qu’on en juge.

« Le Comité des signataires a tenu à affirmer son soutien à la filière nickel« . Cette annonce époustouflante méritait bien, sans doute aucun, 22 000 km en avion.

« L’Etat continuera d’exercer les responsabilités qui lui incombent pour assurer la sécurité des sites d’exploitation« . Le Comité aurait pu compléter cette farce par « notamment à Kouaoua« . Avec le succès que l’on connaît.

« Le comité réaffirme l’importance des travaux en cours dans le cadre du GTPS relatifs à la stratégie nickel« . Bigre. Vu la durée des travaux déjà entrepris, c’est probablement un objectif à 2050.

Le reste est à l’avenant. On a « discuté » des questions de financement, confirmé « la grande attention » à la stabilité du système bancaire, ou encore décidé … « de constituer un groupe de travail sur la possibilité de maintenir l’épargne des Calédoniens en Nouvelle-Calédonie ». Et annoncé le recrutement « d’un permanent BPI« . Dont le responsable Outre-mer vient déjà régulièrement en Nouvelle-Calédonie.

Le clou a été la présentation … « des perspective de conclusion d’un contrat de convergence et de transformation proposée à la Nouvelle-Calédonie« . Les technocrates de Bercy et de Medetom ont du se mettre des poches de glace sur la tête à l’issue de cette lumineuse rédaction.

Bref, tout indique que les rédacteurs du communiqué final étaient à la peine pour boucler la deuxième, la troisième et la quatrième page. D’où le recours au bla-bla.

Au fait : rien sur la sécurité. C’est dire …

Vilain Canard