Foule des grands jours pour la visite du Premier ministre au Congrès. Exceptionnellement, le discours devant le « Parlement » local s’est tenu en fin de séjour. Probablement pour tenir compte des enseignements du premier contact, et de la perception de l’attente des Calédoniens. Méthode et engagement.
Edouard Philippe peut être satisfait de son voyage en Nouvelle-Calédonie. Il y a, à la fois, montré sa connaissance des dossiers, son tact, et affirmé son engagement personnel et de celui de l’Etat. En entraînant les élus locaux dans ce mouvement.
A preuve, la fixation de la date du referendum. Ce n’était pas certain avant sa venue, c’est sûr après son séjour : le Congrès le fera, et prendra ainsi les responsabilités conférées par la Loi Organique.
DANS LES PAS DE MICHEL ROCARD
Le Premier ministre, comme le Président de la République, n’ont jamais caché une certaine proximité avec Michel Rocard, de sa perception de la politique et de sa méthode. « Il figure dans mon Panthéon personnel« , ajoutant dans les « géants » de la solution calédonienne, Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur. Libération avait d’ailleurs titré, avant son départ pour la Calédonie : « Edouard Philippe dans les pas de Michel Rocard ».
Reprenant habilement les réflexions des uns, les propositions des autres, Edouard Philippe a d’abord placé l’expérience calédonienne à un très haut niveau : « expérience unique », sans précédent dans l’histoire d’une décolonisation en marche, et un exemple à méditer. Propos qui ne sauraient déplaire aux Calédoniens …
LA MÉTHODE PHILIPPE
Puis, concrètement, il a annoncé sa méthode :
1) constituer une équipe resserrée d’une dizaine de personnes chargée d’échanger sur 5 thèmes : le bilan des Accords entre « maintenant et la fin du mois de janvier« , la situation des compétences transférées, la place de la Nouvelle-Calédonie dans le monde, c’est à dire au delà de son espace régional, et enfin le socle des valeurs et des projets en commun, « substrat de la Calédonie de demain« . L’ensemble de ces échanges devraient avoir pour terme la fin du premier trimestre 2018.
2) tenir un Comité des Signataires à la première quinzaine de mars, qu’il présiderait « personnellement ».
3) sur la consultation. Premier principe dit le Premier Ministre : « elle aura lieu« . Deuxième principe : son résultat devra être incontestable et sincère. Enfin, s’agissant de la date de la consultation, le Premier ministre a su trouver les mots pour « convaincre » le Congrès de la fixer, conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa. Il « forme le voeu » que le Congrès se prononce également sur la question qui sera posée lors du scrutin, même si cela ne relève pas strictement de sa responsabilité.
4) sur cette question, Edouard Philippe a été sans ambiguité : elle sera binaire, condition de simplicité et de clarté.
5) le travail de préparation comprendra également la campagne et le déroulement du scrutin. « Il faudra innover pour assurer la sérénité des jours d’avant« . Un comité des sages, différent des autorités de contrôle, devra veiller à l’éthique des propos lors de la campagne.
IL Y AURA UNE VIE APRÈS LE REFERENDUM
Enfin, ainsi qu’il l’avait fait lors de l’inauguration de l’antenne de l’UNC à Koné, « Le débat institutionnel ne doit pas occulter le quotidien« , suggérant que « la vie » continuera après le referendum. En responsable, il souligne quelques points relatifs au développement durable, indiquant le soutien de l’Etat pour la construction d’un hôtel à Lifou, le renforcement des contrats de développement ou encore la sécurité et la prévention de la délinquance des jeunes.
Il a annoncé que le dispositif de police de proximité sera mise en place à Nouméa et dans l’agglomération.
Dans ce registre, il a également annoncé qu’une deuxième unité du SMA sera ouverte en Province sud, et probablement à Nandai.
S’agissant du nickel, il a assuré que l’Etat sera présent pour garantir la pérennité de cette industrie en Nouvelle-Calédonie, et accompagnera la mise au point d’une stratégie nickel. Il a toutefois suggéré que le tourisme devait requérir l’intérêt soutenu des responsables. Tout en respectant les compétences presqu’entièrement locales dans ces matières.
« Mesdames Messieurs, notre monde est en train de se transformer, a-t-il déclaré. Nous le transformons. Nous devons être à la hauteur de cette transformation, tous autant que nous sommes » et de conclure : « j’ai confiance« .