En dépit des analyses plutôt rassurantes des organismes officiels sur l’année 2016, la Nouvelle-Calédonie poursuit son mouvement d’enlisement économique et social. En réalité, tous les voyants sont au rouge ou à l’orange : les comptes sociaux, l’emploi, l’économie et donc les recettes fiscales. Sans réforme forcément douloureuse, point de salut. Ce devrait être l’agenda prioritaire du prochain gouvernement. Exigences.
PROCÉDURE D’ALERTE À LA CAFAT ?
Alors que la Cafat ne se rend guère populaire en effectuant des contrôles ostensibles –et malvenus- au premier jour de la Foire de Bourail, ses responsables se demandent si « les politiques » auront le courage de mener les réformes susceptibles d’éviter la faillite du système. Faillite, le terme est approprié. « Ce serait le cas d’une entreprise privée au regard des dettes, de l’impasse de trésorerie et d’absences de perspectives de redressement », déclare ce haut responsable de la Caisse. De fait, la barque est en train de couler : 15 milliards de dettes du Ruamm, un besoin de trésorerie, pour tout juste les dépenses immédiates, de 2 milliards avant la fin de l’année, tous les régimes en déficit structurels à l’exception du régime de retraite. Si les commissaires aux comptes ne lancent pas une « procédure d’alerte », ils pourraient eux-mêmes endosser une part de responsabilité.
A cette situation, point de potion miracle. Juste un remède de cheval, tant les dérives se sont accumulées. Pour éviter la faillite, il conviendra de manier à la fois la réduction des dépenses –les prestations et le train de vie de l’organisme-, et l’augmentation des recettes –prélèvements obligatoires et concours publics-.
TOUTES LES RECETTES FISCALES ENGLOUTIES EN 2030
Mais il n’en va pas que de la Cafat, car les « régimes sociaux » couvrent un champ bien plus vaste : les allocations de solidarité, le plan handicap, les retraites de solidarité, les aides sociales notamment.
Au total, au rythme actuel de la croissance des dépenses, l’ensemble des recettes fiscales de la Nouvelle-Calédonie en 2030 suffira à peine à combler les déficits de l’ensemble de ces régimes, Cafat comprise, bien entendu !
C’EST L’ENTREPRISE QUI CRÉE LA RICHESSE D’UN PAYS
Quant à l’emploi privé, il a entrepris une réduction inquiétante. Dans ce contexte, parler d’une « compensation » par la création d’emplois publics relève d’une farce. Dans un bateau qui fait l’eau, c’est simplement y rajouter l’eau des citernes de la cuisine !
Car en Calédonie comme dans tous les pays du monde, c’est l’entreprise dans une économie de croissance qui crée la richesse. Les services publics, les institutions et les régimes sociaux ne font que vivre de cette richesse.
L’enjeu, pour les mois et les années qui viennent, n’est donc pas seulement la réduction des dépenses. Il est également et surtout, la stabilisation puis l’augmentation des recettes. Or celles-ci ne peuvent croitre d’un secteur pour l’essentiel exsangue, au risque de le tuer. En clair, augmenter les impôts pour augmenter les recettes serait économiquement suicidaire.
L’URGENCE : REDONNER DU SOUFFLE AUX ENTREPRISES
Redonner de la vigueur aux PME ainsi qu’aux grandes entreprises locales, puisque la mine et la métallurgie sont entrées dans un cycle incertain de crise, est l’unique solution pour éviter le naufrage de la Nouvelle-Calédonie. Révisions de la fiscalité, simplifications administratives, soutien des pouvoirs publics et de leurs services aux entreprises, innovations y compris dans des secteurs porteurs déjà en place comme le tourisme, ce sont les réformes à conduire.
D’ailleurs, sans les 160 milliards transférés annuellement par la métropole, véritable « amortisseur » de crise spécifique au Pacifique français, les Calédoniens seraient depuis plusieurs mois dans la tourmente.
Mais à présent, « l’amortisseur » n’est plus qu’un « ralentisseur » tellement l’urgence est prégnante. Assurément, le prochain gouvernement local aura du pain sur la planche.