LA SLN POURRAIT ÊTRE EN CESSATION DE PAIEMENT AU MOIS DE SEPTEMBRE – C’est une lutte pour la survie de l’entreprise qui se poursuit

Christel Bories avait déclaré « être stressée » par la situation de la SLN. La nouvelle Présidente d’Eramet a en effet un dossier brûlant sur son bureau. Une raison évidente : les cours du nickel se situent aux alentours de 4 dollars c’est à dire à un dollar de moins que les 5 dollars positionnés en cours plancher. Conséquences.

UN PLAN PERFORMANCE INSUFFISANT
La réduction des coûts avait été bien orientée jusqu’en fin 2016. Mais avec la baisse supplémentaire des cours, le plan performance stagne, et l’hémorragie financière de la société a repris.

Cette obligation plus draconienne s’impose d’ailleurs à l’ensemble des opérateurs calédoniens, et ajoute de l’incertitude aux lendemains. La nervosité est grande aussi bien à la SLN, qu’à Glencore et à Vale.

Pour la société française, l’absence de stocks vient s’ajouter aux difficultés. L’usine, dont tous les paramètres sont au vert, tourne comme une horloge, et demande un approvisionnement maximal. Malheureusement, politique de déstockage il y a plusieurs mois, et ennuis dans la production de minerai sur plusieurs sites ont un double effet : une alimentation des fours en minerai non optimale, et la fragilisation de la production en cas de pépin. Aujourd’hui, tout est fait pour éviter de réduire la production d’un four.

TRÉSORERIE « À PLAT » EN SEPTEMBRE
« On va bientôt avoir tout bouffé ! », avoue ce responsable de Doniambo. C’est que les coûts de production conjugués avec les cours du nickel font qu’en dépit d’exportations à un bon niveau, la SLN perd 1 milliard FCFP par mois ! Quand on vend à perte, on perd davantage, mais aucun autre choix n’est possible …

A ce rythme, les analystes prévoient qu’au mois de septembre prochain, la société en rupture de trésorerie ne sera plus en mesure d’honorer ses obligations financières.

Le prêt consenti il y a un an aura entièrement été consommé. La faute à la chute des cours et aux coûts de production.

AUGMENTATION DE CAPITAL, NOUVELLE INJECTION FINANCIÈRE OU RÉDUCTION DRACONIENNE D’ACTIVITÉ ?
Dans un peu plus de 2 mois, il faudra donc trancher car la situation financière et comptable de la SLN sera virtuellement proche de la faillite.

Eramet a mis largement la main à la poche. Cette fois, les actionnaires calédoniens représentés au sein de la STCPI pourront-ils échapper à leurs obligations ?

Pour les collectivités locales, la saison risque d’être chaude. D’autant que Vale, dans une situation proche de la SLN, doit toujours payer pour le compte des trois provinces dont la société commune/actionnaire est redevable d’une ardoise qui excède les 20 milliards !

UN DOSSIER CHAUD POUR TOUT LE MONDE
Ce sera la première épreuve calédonienne pour le gouvernement Macron. Quelle politique industrielle, quels choix dictés à la représentation de l’Etat au sein du Conseil d’Eramet, quel éventuel nouvel effort financier cautionné par l’Etat ?

Du côté local, la « patate ne sera pas moins chaude ». Main tendue à la France, prise de responsabilité d’actionnaire dans une aventure économique, dilution de la participation calédonienne ?

Une grosse difficulté alors que se prépare le scrutin d’autodétermination … mais qui va montrer une nouvelle fois la fragilité de la Nouvelle-Calédonie et l’intérêt de la solidarité nationale.

RÉDUCTION D’EFFECTIFS INÉVITABLE
Une certitude : la SLN devra poursuivre ses efforts pour produire à 4 dollars. « On n’a pas le choix » avait déclaré Christel Bories. « Nos actionnaires, nos partenaires locaux, savent que nous ne pouvons pas continuer dans la situation où l’on est aujourd’hui ». Enjeu : se hisser au niveau des meilleurs en matière de productivité. Au delà des process, des amélioration techniques, et de la montée en compétence, la SLN pourra-t-elle éviter de nouvelles réduction d’emplois ?

« Améliorer la productivité, ce sont aussi des allègements en terme de personnel, il faut être clair. Nous devons le faire intelligemment, ensemble, dans le respect des individus. Il faut qu’on accompagne cette réduction d’effectif, mais on n’évitera pas d’en faire une », a déjà précisé Christel Borel dans une interview récente accordée à RRB.

Le Premier ministre va-t-il faire appel à Manuel Valls dans ce dossier où l’ancien chef du gouvernement avait directement contribué à sauver la SLN il y a tout juste un an ?

Une certitude : en dépit de chiffres annoncés sur des « records » et autres bonnes annonces, la Nouvelle-Calédonie n’est pas sortie de ses difficultés et serait bien inspirée, en matière économique, de changer de cap.