Conséquence d’une baisse de fréquentation touristique ? Conséquence des difficultés économiques pour la clientèle locale ? Mauvaise gestion ? C’est peut être la conjonction des trois phénomènes qui explique la baisse inquiétante du résultat des casinos de Nouméa. Revente dans l’air ?
Créé à l’origine dans les salons de l’ancien Chateau Royal, le casino avait ensuite connu un développement au Surf avec le Casino Royal et au Méridien, au Grand Casino. Le Bingo de la rue Ferry avait été intégré dans le groupe dans les années 90.
NE PAS “POMPER LES ALLOCS”
L’Etat avait alors fait de la fréquentation touristique un élément essentiel de décision lors des attributions d’ouverture lorsque celles-ci dépendaient entièrement de lui. Depuis, la compétence a été transférée, à l’exception évidemment de la police des jeux, mais en théorie, le principe demeure.
La règle morale -et économico-sociale- voulait en effet que les jeux d’argent licites ne puissent altérer les revenus des Calédoniens. Et en particulier, ceux des couches modestes.
Il est bien connu, en effet, que les machines à sous sont surtout fréquentées par des clients locaux qui s’offrent des soirées de jeu en distraction. Or ces clients sont généralement de revenus limités, les joueurs importants se rendant aux jeux réputés plus nobles, la roulette, le poker et surtout le Black Jack.
Mais ce sont les machines à sous qui font la fortune des casinos. Leur surnom de “bandits manchots” n’est pas usurpé, ces véritables robots étant préalablement réglés pour déterminer d’avance les gains distribués, et ceux prélevés par le casino.
“Aux machines à sous, trop de gens dépensent les allocations familiales de la Cafat ou les allocations de solidarité“, affirme ce détracteur des jeux d’argent. C’est d’ailleurs ce qui avait motivé l’opposition des autorités très religieuses de Polynésie, hostiles aux casinos, ou même les réticences des Eglises en Nouvelle-Calédonie.
Mais les Casinos de Nouméa sont une formidable “machine à sous” pour ses propriétaires que sont la Société des Hôtels de Nouméa, et donc indirectement et pour la Province sud au travers de Promosud.
Initialement imaginé par Jacques Lafleur, les profits importants ont largement contribué à la réalisation du Méridien Nouméa, du Méridien Iles des Pins, et plus récemment, à celle du Sheraton de Gouaro-Deva. Ils ont, de la même manière, assuré l’équilibre financier du Méridien Nouméa dont le coefficient d’occupation, ces 10 dernières années, n’est guère brillant.
RÉSULTATS EN BAISSE
La baisse du résultat des casinos -on parle d’une chute de 40% !- n’est donc pas neutre pour l’équilibre financier de la SHN, c’est le moins que l’on puisse dire.
Tout laisse à penser, d’ailleurs, que la société a renoncé à réaliser le casino du Sheraton de Deva, déjà affecté de lourdes pertes, un casino dont l’absence de fréquentation touristique suffisante aurait tout simplement « pompé » les revenus des joueurs locaux.
Autre mauvaise nouvelle : la fermeture possible du Casino Royal, situé dans les locaux de l’ex-Surf, établissement désormais fermé jusqu’à nouvel ordre.
Si l’on ajoute à cela un climat interne qui, paraît-il, n’est pas au beau fixe, l’année 2017 démarre sous des auspices plutôt grises pour cette activité.
Tout récemment, un haut responsable de la société Joa, propriétaire de 22 casinos en France, était venu « renifler » la Nouvelle-Calédonie. Comme disent les Calédoniens, « de là à imaginer qu’une vente est dans l’air, y a pas loin ».