LEGISLATIVES 2017 : HAROLD MARTIN PEUT-IL BATTRE PHILIPPE GOMES ?

harold-martin-2

Le procès devant la Cour d’Appel dans l’affaire dite « de la 3G » a été marqué par les réquisitions à la baisse du ministère public. Recul par rapport au jugement en première instance, trouble devant l’absence de faits établissant un enrichissement personnel d’Harold Martin, et donc de prise illégale d’intérêt, ces conclusions vont-elles conduire à un jugement au delà de ces réquisitions, conforme ou en deça ? La réponse évidemment appartient aux juges. Mais tout de même, les cours d’appel étant réputées sourcilleuses du seul droit, le Maire de Païta et ses avocats peuvent être raisonnablement optimistes. Et Harold Martin poursuivre sa séquence politique en recourant, le cas échéant, au pourvoi en Cassation. Législatives.

Ce n’est un secret pour personne. Les deux co-fondateurs de l’Avenir Ensemble en 2004, tombeurs du RPCR, sont aujourd’hui engagés dans une lutte à mort dans laquelle, Harold Martin a résolu de porter le fer contre son ennemi dans la seconde circonscription en 2017. Il a proposé, pour celà, une procédure de désignation en bonne et due forme des candidats « Républicains ».

Ayant accepté la proposition de Pierre Frogier de constituer le groupe des Républicains avec Isabelle Lafleur et le RPC, Sonia Backès et une partie du MPC, Didier Leroux et Simon Loueckote, davantage personnalités que leaders de leurs mouvements politiques respectifs passés, Harold Martin était et demeure animé d’une opposition inflexible à l’égard de Philippe Gomes.

Cette volonté pourrait se traduire par une candidature dans la deuxième circonscription, celle où « normalement », Philippe Gomes devrait être candidat. Une circonscription remportée par ce dernier il y a 5 ans à l’issue d’une défaite cuisante d’Eric Gay qui portait la succession de l’ex-député Pierre Frogier et avait pourtant été éliminé dès le premier tour.

Aujourd’hui, cependant, les circonstances ne sont plus les mêmes.

Première différence : l’étoile de Philippe Gomes et de Calédonie Ensemble a pâli, notamment dans les milieux économiques fortement ébranlés par la crise des rouleurs, les refus d’exportation minière, l’aggravation de la fiscalité, et une propension a considérer les chefs d’entreprise comme des profiteurs suçant le sang des salariés.

Même si tous les efforts sur le secteur rural, la mise en œuvre de mesures de soutien aux entreprises en difficulté dans le cadre du « Pulse » ou l’annonce d’un nouveau plan de développement du tourisme qui n’est en réalité qu’une reconduction du PDTCNC de KPMG en 2004, visent à reconquérir cet électorat, le « désamour » est patent.

Certes, Philippe Gomes, fidèle à son tempérament, « bat la campagne » sans relâche. Mais au dire des participants à ses réunions, « la magie n’opère plus », même si le public est présent.

D’ailleurs, le congrès du mouvement, crédité de 600 personnes présentes, peut difficilement être présenté comme le maintien d’une dynamique de victoire pour Calédonie Ensemble.

Deuxième différence : une alternative crédible serait proposée, face à Philippe Gomes.

Harold Martin est fréquemment moqué par les militants de Calédonie Ensemble, en raison notamment, de ses démêlées judiciaires. Seul hic : Philippe Gomes n’est est pas indemne. Mais le principal atout de ce dernier demeure jusqu’à présent l’absence d’une offre politique alternative crédible pour les électeurs hésitants, et enclins à le quitter. Eux cherche un leader , « une gueule », un tribun, tout cela doublé évidemment de charisme et d’une fibre anti-indépendantiste inattaquable.

Martin répond plutôt bien à cette demande. Il fut de surcroît « l’homme de la Brousse » pendant des années et a gagné un « regard de Chimène » de la part des ruraux, sensibles à sa connaissance de leurs problèmes, à son « parler calédonien ».

Troisième différence : les choix nationaux, récemment illustrés par les primaires de la droite.

Philippe Gomes a choisi Juppé, et l’a confirmé au second tour avec des propos peu amènes sur le vainqueur de la confrontation. Harold Martin a choisi, lui, Sarkozy, et s’est ensuite converti au soutien à François Fillon.

De surcroît, Les Républicains, nationaux, s’entend, le comptent dans ses rangs. Ce qui n’est pas le cas de Philippe Gomes.

Au total, tout laisse à penser que ce combat va avoir lieu. Un combat dont l’issue n’est pas certaine pour le député sortant, et dont la dimension titanesque de la confrontation verbale et idéologique « va faire trembler les murs de Jericho ».

Et dont les conséquences politiques, en cas de victoire d’Harold Martin, pourraient générer une déflagration susceptible de recomposer le paysage politique loyaliste.