C’est vers 1870 que l’Anse Vata est devenue un lieu de détente pour les Nouméens, alors que Nouméa se résumait au Centre-ville et au Quartier Latin. Entourés de deux grands marécages, le lieu attirait les estivants pour sa plage et un peu plus tard, son établissement de bains.
Au fil du siècle suivant, l’Anse Vata est devenu un quartier prisé, et surtout, pour tous les Nouméens, une promenade : « le Tour d’Anse Vata ». Sous l’impulsion de Roger Laroque, sa route étroite est devenue une belle avenue, unique dans la ville. Aujourd’hui, la municipalité envisage de la réduire à une simple route à deux voies. Un débat qui n’est pas nouveau et qui va diviser les Nouméens en deux camps. Et suscite déjà de nombreuses questions.
Apparemment, l’ancienne mandature l’avait envisagée, mais l’idée avait été abandonnée devant le risque de montée de la polémique. Toucher au « Tour de l’Anse Vata », pour les Nouméens, c’est un peu comme interdire les crêches de Noël aux Catholiques !
« Un projet que seul un zoreille peut imaginer », dit méchamment ce calédonien de souche pour qui cette promenade quotidienne en voiture est sacrée.
Le projet de la municipalité consiste donc à supprimer l’avenue à deux voies pour revenir à l’ancienne route à deux voies. A la clé, suppression de places de parking, protection des berges, construction de commerces, bars et restaurants. Une révolution qui va sûrement en entraîner une autre.
LES CONTRE
« Tout ça est contradictoire, estime ce couple qui vient chaque jour profiter de la plage. On veut soi-disant protéger le littoral, et en même temps le damer de constructions ! ». Sans compter, ajoute-t-il, les embouteillages que le retour à une voie unique va créer … »
De fait, compte tenu de la fréquentation quotidienne de milliers de véhicules, bus, voitures, deux-roues, camions, la réduction de chaussée va provoquer des bouchons, à l’instar de ce qui se produit, à moindre échelle, à la baie des Citrons.
Encore faut-il y ajouter les petits trains qui seront de plus en plus nombreux à transporter les croisiéristes le long des baies.
Point positif toutefois : la construction d’une piste cyclable qui permettra le développement des déplacements « en mode doux ».
Le second sujet sera évidemment la protection du littoral. Faut-il priver de vue les promeneurs qui verront, en lieu et place du magnifique panorama balnéaire, les « culs » des restaurants et des commerces ? Quelles cohérence entre mettre un terme à un projet immobilier face à une mangrove, et envisager des constructions au bord d’une des seules plages de Nouméa ? « Et puis, dès qu’il y a bar, il y a musique, comme à la baie des Citrons« , s’inquiète un riverain …
Le troisième est le parking. Comment réduire le nombre de places déjà insuffisant, et y implanter des activités commerciales aujourd’hui pratiquement inexistantes … qui exigent elles-mêmes des parkings ?
LES POUR
Mais il y a aussi les « pour ».
Olivier Hoffner, « géographe et enseignant », s’est exprimé dans le quotidien local. Ainsi, s’agissant des retombées, « elles devraient être positives », indique-t-il, citant les commerces et les snacks, l’augmentation des piétons « qui augmenteront la fréquentation dans les magasins, comme le prouvent toutes les études », la limitation de l’érosion et des dégâts provoqués par la montée des eaux et une possibilité supplémentaires donnée « aux jeunes de jouer ».
Cette habitante est, elle, carrément enthousiaste. « Le tout-voiture devient insupportable. Il est temps de favoriser d’autres moyens de circuler, plus propres, et moins encombrant. Et puis, construire un espace récréatif plus vaste, de l’animation sur la plage, qui pourrait s’en plaindre à part quelques grincheux ? »
LES O’TIMMINS ET LES O’HARA
Jusqu’à présent, seule la baie des Citrons faisait parler. Avec le vaste projet de transformation de l’Anse Vata, les Nouméens ont un nouveau sujet de choix. Et le risque de se diviser comme dans la BD de Lucky Luke, entre les O’Tmmins et les O’Hara.
Arnaud. M