Tout le monde est pour la production locale, c’est évident. Mais pas pour sa protection et ses aides publiques à n’importe quelle condition. Le débat sur les croquettes pour animaux met en relief ce qui pourrait être une absurdité économique et une atteinte aux droits légitimes des consommateurs. Il pose, au fond, le problème d’une réflexion économique et sociale qui n’a jamais eu lieu sur la production locale.
Tout ne peut pas être produit en Nouvelle-Calédonie. Mais la règle qui prévaut jusque là est que toute production locale doit être aidée, voire protégée, même au prix d’une interdiction d’importation. Aujourd’hui, et alors que beaucoup parlent de “modèle économique” sans réfléchir à ses fondements, cette attitude est dépassée.
Deux principes doivent prévaloir.
Le premier est que la liberté de commercer et d’entreprendre doit être respectée. En conséquence de quoi, tout entrepreneur a le droit en Calédonie de fabriquer ou de transformer ce qu’il veut, à condition bien sûr de respecter la loi.
Le second est que toute entreprise ne peut prétendre aux aides publiques, aux mesures de protection douanières ou d’importation qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction d’importer. Il faut encore que la fabrication soit, d’une part, profitable à l’économie par sa valeur ajoutée réelle, et d’autre part, respectueuse de l’intérêt du consommateur.
En clair, et pour être simple, si une fabrication locale permet la création de 2 emplois, mais que son coût économique supporté par la Calédonie correspond à 50 emplois -y compris des emplois supprimés dans des sociétés d’import-, elle peut exister et même profiter de quelques aides publiques. Mais sûrement pas prétendre à des protections qui pénaliseraient durablement à la fois l’économie calédonienne et les consommateurs.
Ce logiciel reste à construire. La Nouvelle-Zélande l’a fait, dans les années 1990, et a supprimé ainsi par exemple la fabrication des télévisions localement. Il est temps de faire de même en Calédonie, pour rationaliser les décisions en matière de protection douanière.
Ainsi, en matière de croquettes pour animaux, ce bilan est impératif. Il y a, paraît-il, 11.000 chiens dans l’agglomération. En tout cas, la pétition pour maintenir le régime d’importation et de fabrication existant a recueilli près de 10.000 signatures ! Il faut y ajouter les chats, puis étendre cette évaluation à la Calédonie. Certes, tous ces animaux ne sont pas nourris avec des croquettes. Mais leur nombre considérable, les enjeux de santé qui ont été mis en relief par les vétérinaires, exigent que cette fois-ci, la décision du gouvernement soit parfaitement argumentée.