SUPPRESSION D’EMPLOIS DANS L’USINE DU NORD : RASSURER LES ACTIONNAIRES OU PRÉPARER LA VENTE ?
La descente aux enfers se poursuit dans le secteur poumon de l’économie calédonienne. Avec la suppression supplémentaire de 140 emplois, KNS continue de réduire ses coûts d’une production qui elle-même, avec un four toujours à l’arrêt et un second qui peine à atteindre sa capacité nominale, ressemble à un échec. Trois ans après la première coulée de nickel.
C’est en effet le mercredi 10 avril 2013 que la première fonte historique a été réalisée avec un mélange d’acier, de fer et de ferronickel, après 6 ans de construction.
Depuis tout s’est dégradé.
L’usine d’abord, avec la centrale électrique, en panne de longs mois, et dont la performance tarde à être au rendez-vous. Les fours, ensuite, dont le gravissime arrêt puis la réparation d’une unité pose des questions préoccupantes sur la fiabilité du procédé.
L’effondrement des cours du nickel, enfin, entraînés dans la chute des matière premières, laquelle a failli mettre Glencore – le financier de KNS à 95% ! – au tapis, situation extrêmement difficile dont le géant suisse n’est toujours pas sorti.
DES RÉDUCTIONS INÉLUCTABLES
Dans de telles conditions, la réduction des charges de KNS, et notamment de la masse salariale, paraissait inéluctable.
Elle est un impératif pour Glencore au moment ou le budget 2017 va être présenté aux actionnaires, et alors que le marché du nickel montre ni de signes encourageants de redressement, ni de perspectives de hausse à moyen terme.
Mais elle est également un impératif pour la multinationale encore dans la tourmente si elle souhaite trouver un repreneur et lui présenter une pro-forma …
DES CONSÉQUENCES LOURDES ET IMMÉDIATES
Dans tous les cas, cette annonce va peser un peu plus sur la dépression économique en Calédonie. Les conséquences immédiates vont impacter la zone de VKP : les commerces, restaurants, locations et programmes immobiliers. Elles vont avoir des suites en province Sud, sur les achats, les quelques anticipations d’achats ou d’investissements, les sous-traitants. Elles vont toucher les recettes de la Cafat, et la dépenses de l’assurance chômage.
Surtout, cette réduction d’activité de l’usine va affecter le moral des entreprises et des consommateurs. Déjà entamé par les débats et les décisions mortifères sur les exportations de nickel, il y a un an, l’aggravation du cadre fiscal, et le traumatisme de la prise en main par les politiques et l’administration annoncée par l’adoption de la loi dite “de compétitivité”. Ce moral en berne va davantage ralentir l’investissement, la consommation, et geler la création d’emplois.
Dans ces conditions, et hors la révision des politiques publiques, notamment économique et fiscale, et la mise en oeuvre de réformes structurelles touchant aux dépenses publiques, le contenu du fameux “Pulse” paraît bien dérisoire.