« Non à une économie cadenassée », tel est le mot d’ordre du rassemblement des employeurs qui ont décidé de manifester dans la rue contre la loi intitulée « compétitivité », et qui vise au contraire à faire contrôler les marges des entreprises et les prix par les administrations. « Comme en Corée du Nord », caricaturent certains patrons.
« Cette loi met en danger nos entreprises » estime Daniel Ochida, l’un des trois présidents du Medef, expliquant qu’une baisse imposée des marges des entreprises –marges qui ne constituent pas le bénéfice-, met en péril le tissu économique.
C’est qu’en effet, dans la guerre de communication que se livrent le Medef, le gouvernement et les syndicats, on oublie que la marge d’une entreprise permet d’abord de payer les charges de cette entreprise : salaires, frais de fonctionnement, remboursement des dettes, amortissement des investissements. C’est du différentiel entre les charges et la marge que peut être dégagé, le cas échéant, un profit.
SALARIÉS INQUIETS
Or en cette période de crise, explique le Medef, toutes les économies ont été réalisées et en cas baisse autoritaire de marge, la seule réduction de charge sera la baisse de la masse salariale et donc les suppressions d’emploi.
Le syndicat des commerçants estime le commerce également menacé et appelle tous les commerçants à baisser leur rideau jeudi matin. Le syndicat des importateurs, lui, est plus direct. « Le gouvernement a nos bilans, et il sait que nos marges correspondent à ce qui est nécessaire à nos entreprises. Qu’il donne la comparaison avec les bilans et les marges de certaines entreprises de la Finc et on pourra comparer les marges et les résultats finaux … ».
Des salariés du secteur automobile, eux aussi, sont inquiets et vont se joindre au mouvement. Regroupés en collectif, ils rappellent que les ventes de voiture ont baissé de 35% depuis le début de l’année. Ils savent, peut être mieux que d’autres, que le chômage est à la porte de la crise.
Jeudi matin, et alors que la commission intérieure spécialisée du Congrès va se saisir du texte sur la TGC et du projet de loi dit « compétitivité », les opposants à cette dernière mesure vont se retrouver Boulevard Vauban. Ils devraient être reçus par les élus comme il est de règle en pareille circonstance.
APRÈS « LES GROS », LES « PETITS »
Du côté du gouvernement, on laisse entendre que des amendements pourraient être apportés avec l’accord de l’Exécutif. Beaucoup songent à une remontée des seuils pour donner le sentiment que la disposition ne touchera que « les gros ».
Mais c’est là que le bât blesse. Si la Calédonie entre dans cet engrenage d’une économie étroitement contrôlée par les politiques et les administrations, c’en sera fait de toute perspective de croissance et de sortie de crise.
Et sans croissance, moins de rentrées fiscales. Donc, ce qui demain pourrait ne menacer que « les gros », s’abattrait après demain sur « les petits » pour faire rentrer « des sous dans les caisses ». Un schéma économique qui a été rejeté par toutes les économies modernes. Mais qui sévit encore dans l’hexagone …