MINEURS CONDAMNÉS : LES «EPIDES» À ENCADREMENT MILITAIRE PREFERABLES AUX CENTRES EDUCATIFS FERMÉS

Discipline, uniforme, encadrement militaire et formation
Discipline, uniforme, encadrement militaire et formation

Depuis 15 ans que les problèmes de sécurité sont un grave souci pour la Calédonie, et que le sort des mineurs délinquants est chaque jour commenté, les questions récurrentes sont celles relatives à la construction d’un « centre éducatif fermé ». Se pose même parfois celle de la compétence, du territoire ou de l’Etat. Enfin, autre question d’actualité – et d’efficacité -, le centre éducatif fermé est-il la bonne réponse ? Ne faut-il pas lui préférer les « Epides » dont l’encadrement est militaire ? Explications.

Contrairement à une idée répandue, le placement des mineurs suite à une décision de justice est du ressort de la Nouvelle-Calédonie. En effet, au terme de la loi organique, le territoire est « compétent en matière d’administration des services chargés de la protection judiciaire de l’enfance ».

En clair, c’est la Nouvelle-Calédonie qui finance les infrastructures ad hoc, et qui devrait prendre ou non la décision de financer un « Centre Educatif Fermé ».

Ces dépenses figurent d’ailleurs au budget local. Ainsi en 2014, 150 millions avaient été inscrits pour « la réhabilitation du site de Nouville de la PJEJ ». Au budget 2016, le programme PO7O3 « Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse » est doté de 1,2 milliard FCFP. Cette somme est essentiellement consacrée au fonctionnement de 4 centres dont le Foyer de Nouville et celui de Paita.

LES CENTRES EDUCATIFS FERMÉS NE SONT PAS
LA BONNE RÉPONSE

Mais l’interrogation est aujourd’hui ailleurs. Les Centres Educatifs Fermés sont-ils la bonne réponse à la délinquance des mineurs ? Probablement pas.

Il convient cependant de distinguer des délinquants « dangereux », les jeunes primo-délinquants ou condamnés pour des faits dont la gravité n’est pas extrême.

Pour ceux là, l’Epide constitue une solution qui tend à faire ses preuves en métropole.

Epide : Etablissement Public d’Insertion de la Défense. Créé en 2005 à l’initiative de Michèle Alliot-Marie par Jean-Louis Borloo dans le cadre du « plan de cohésion sociale », ce dispositif d’accueil et de réinsertion à encadrement militaire était initialement réservé aux jeunes de 18 à 25 en difficulté, et sur la base du volontariat.

D’abord « étrillé » par la Cour des Comptes, il a fait l’objet d’importantes améliorations de structuration, de gestion et d’économies.

LEVER A 6H, UNIFORME, DISCIPLINE ET FORMATION :
LES EPIDES ONT LA CÔTE

En 2012, le système a évolué pour accueillir  des jeunes de 16-18 ans, « non encore ancrés dans la délinquance ou ayant commis des faits de faible gravité », pour un « service citoyen » de six à douze mois. La mesure est prononcée par les juges, dans le cadre par exemple d’une peine avec sursis et mise à l’épreuve, avec l’accord des parents et des jeunes.

Lever à 6 heure, montée des couleurs, uniforme, Marseillaise, encadrement militaire avec éducateurs spécialisés, les Epides sont une véritable 2e chance pour ces jeunes, des décrocheurs aux délinquants, pour s’initier à une règle de vie et une formation qui doit les mener aux portes de l’emploi.

A présent, les erreurs de jeunesse passées, les Epides ont la côte, au point de bénéficier d’augmentation de capacités d’accueil en période de restriction budgétaire.

Cette solution est sûrement bien adaptée aux besoins de la Calédonie dans l’éventail des réponses à la délinquance juvénile, alors que les Centres Educatifs Fermés représentent davantage une forme de cul-de-sac.

Accessoirement, un tel dispositif serait de nature à redonner vie et utilité à un espace et des bâtiments qui semblent prédestinés : l’ancienne base militaire de Nandaï, à Bourail. Une idée qu’évoquait, il y a quelques années déjà, Pierre Frogier.