En dépit des difficultés économiques calédoniennes et de l’impossibilité des 3 provinces de remplir leur rôle d’actionnaire sans une aide de l’Etat, la prise de contrôle de la SLN par les collectivités calédoniennes demeure à l’ordre du jour pour des élus qui demandent que ces dernières « prennent » 51% du capital de la vieille dame. Plusieurs actionnaires d’Eramet seraient plutôt favorables à cette véritable révolution. Intérêts divergents ? Commentaires.
Pour les tenants de la « doctrine » nickel de la Province nord, prendre le contrôle de la SLN permettrait d’abord de se rendre maître de son considérable domaine minier. Cela se comprend pour la SMSP qui doit absolument fournir à son associé sud-coréen du nickel en quantité … qu’elle ne possède pas.
Pour les tenants du « largage » de la SLN, il s’agit d’une stratégie industrielle et économique.
En matière industrielle, la véritable valeur ajoutée du nickel pour Eramet réside dans le raffinage des mattes et des ferro-nickels pour fabriquer des alliages de très haute qualité. Quant aux mattes et ferro-nickels, ils se trouvent sur le marché, en quantité suffisante, à des coûts compétitifs et de surcroît, à proximité de Sandouville.
Ainsi, la cessation de fabrication de mattes par la SLN a immédiatement été compensée par des achats à Norilsk en Suède.
En matière économique, il estiment –à juste titre ?- que la SLN génère essentiellement des problèmes sociaux et financiers, sujets étroitement liés à un coût du travail en Nouvelle-Calédonie jugé exorbitant. Certains pensent ainsi que ce cocktail condamne la société, soit à des pertes constantes, soit à une rentabilité au total discutable. Deux autres investisseurs internationaux en font l’expérience au nord comme au sud …
DES GISEMENTS DE NICKEL PARTOUT DANS LE MONDE
Quant aux gisements, le nickel n’est jamais qu’une variété de terre contenant des métaux, sans valeur si elle n’est pas raffinée et utilisée par des industriels. On peut évidemment « ménager l’avenir », mais le nickel n’est pas un minerai rare. Certes, la Calédonie en possède une solide quantité. Mais on le trouve en Indonésie, aux Philippines, au Canada, au Brésil, en République Dominicaine, au Canada, à Cuba, et même … en Europe.
En revanche, les Sud Coréens sont, eux, incontestablement intéressés par les gisements. Parce que l’usine dont ils sont virtuellement propriétaires sans y être majoritaires, est loin des vicissitudes locales, en Corée du Sud !
Pour toutes ces raisons, le bras de fer qui semble s’annoncer entre Eramet et la STCPI pourrait mal tourner. Pour les salariés de la SLN et l’économie de la Province sud. Pour le nord, la question est différente : elle n’est pas qu’économique, elle est aussi idéologique.